• Archidiocèse

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur - 5 avril 2020

Homélie - Dimanche, 5 avril 2020

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur - Année A (Mt 26, 14 - 27, 66)

Vous sentez-vous isolés?

Que ce soit à certains moments de la journée ou tout au long de celle-ci, connaissez-vous des personnes qui se sentent isolées à cause de la distanciation physique et cela peut-être même au sein de votre propre famille?

Je pense en particulier aux personnes qui ont soixante-dix ans et plus ainsi qu’aux personnes malades qui vivent difficilement ce temps de pandémie où chacun est tenu d’observer une certaine distanciation physique.

Il ne fait aucun doute que nous vivons un temps où chacun est particulièrement exposé à un sentiment accru d’isolement. Nous devons affronter un isolement qui est réel et cet isolement physique est en plus accompagné d’un sentiment d’isolement mental ou psychique.

Mais ce moment peut devenir un moment adéquat pour nous tourner vers la croix, pour nous tourner vers Jésus qui est en croix.

Sur la croix, Jésus est lui aussi comme isolé et il crie vers son Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » On le regarde sur la croix, isolé, plongé dans un sentiment où il se sent isolé de Dieu et, en même temps, isolé de ceux et celles pour qui il est venu donner sa vie, pour l’humanité. Jésus se sent isolé.


Sur la croix, Jésus porte nos isolements. Mais c’est paradoxalement lorsqu’il est sur la croix qu’il est, d’une façon mystérieuse, profondément proche de chaque personne qui pourrait se sentir isolée. Quelque part, Jésus est plus proche de nous que nous ne le sommes de nous-mêmes. Personne n’est aussi proche de nous que Jésus, lui qui a porté nos isolements sur la croix.

Et comment parvient-il à aller de l’avant alors qu’il ressent cet isolement extrême? En s’écriant sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? », Jésus exprime ce grand isolement qu’il ressent et qui pourrait sembler en soi étonnant et mystérieux.

Mais si, d’une part, on constate combien Jésus se sent profondément isolé dans son humanité, d’autre part, il ne cesse d’avoir pleinement conscience que son Père est toujours présent à ses côtés! Il ne s’adresse pas à Jean ou à Marie qui sont au pied de la croix lorsqu’il s’écrie : « Dieu m’a abandonné »! Non! C’est directement à Dieu qu’il s’adresse! Il parle à son Père! C’est à son Père qu’il parle! Et s’il parle à son Père, c’est parce qu’il sait qu’Il est là, sinon il ne Lui parlerait pas.

Donc, dans ce cri : « Mon Dieu, mon Dieu », mais également dans le cri subséquent : « Mon Père, mon Père, pourquoi m’as - tu abandonné? », Jésus exprime deux réalités intrinsèque - ment liées. Si, d’un côté, Jésus se sent profondément abandonné au point de ne plus comprendre le pourquoi de cet abandon, de l’autre côté, il continue à prier, il continue à s’adresser à son Père. Jésus continue à prier.
 


Ce chemin de prière que Jésus Christ nous montre par sa vie peut devenir notre propre chemin. Que faire si nous ressentons
un sentiment d’isolement? Sur la croix, même s’il traverse un sentiment profond d’isolement, Jésus continue à prier, il continue à prier. En continuant à prier, Jésus ne cesse de porter l’humanité dans sa prière : « Père pardonne - leur, car ils ne savent ce qu’ils font ».


De même, en continuant à prier et à aimer l’humanité, il s’en remet entièrement à son Père: « Entre tes mains je remets mon esprit ». En d’autres termes, Père entre tes mains je remets ma vie. Ce chemin de prière que Jésus Christ nous montre par sa vie peut devenir notre propre chemin. Que faire si nous ressentons un sentiment d’isolement?


Nous pouvons prier Jésus. Nous pouvons nous tourner vers Lui, le regarder et le contempler. Un signe de notre amour pourrait être d’installer un crucifix dans notre maison, que ce soit au mur, sur un bureau ou sur une table. Mettre un crucifix dans notre maison, c’est en quelque sorte contempler Jésus crucifié et contempler Jésus Christ crucifié qui prie son Père. Donc, en toute circonstance, tournez - vous vers Jésus et priez - le!

Même si nous nous sentons abandonnés, il est nécessaire de commencer à prier. Je te prie, Seigneur! Je crie vers toi! Je te prie parce que, au fond de mon cœur, même si je ne parviens plus à le ressentir, je sais que tu es là et que tu ne m’abandonnes pas.

N’hésitons à nous adresser à Jésus afin de lui présenter notre peine, afin de lui présenter cette impression de nous sentir abandonnés de tous, car c’est ce que Jésus a fait en criant vers son

Père : « Pourquoi m’as-tu abandonné? ». C’est de cette manière que Jésus a présenté sa peine à Dieu. À son exemple, continuons à prier Jésus pour lui présenter notre peine de nous sentir abandonnés, d’être isolés, de nous sentir isolés.

Et ouvrons nos horizons, en pensant et en priant pour tous ceux et celles qui sont isolés, qui se sentent isolés. En implorant Dieu de couvrir l’humanité de sa miséricorde, demandons-lui également de venir poser comme un baume dans nos cœurs et de nous apporter réconfort et consolation.

Donc, en ce jour du Vendredi Saint, prenons un temps pour être seuls devant Jésus, pour rester seuls devant Jésus qui lui-même est seul sur la croix.

En même temps, nous pourrons porter l’humanité dans notre prière, particulièrement en ce temps de pandémie, en lui confiant ceux et celles qui souffrent, ceux et celles qui se sentent isolés. En faisant de même, nous remettons notre vie entre les mains de Dieu, entre les mains de Jésus Christ car Jésus Christ ne nous abandonne jamais. 


Nous vivons une période étrange où, d’une façon qui peut nous sembler contradictoire ou étonnante, on se retrouve dans un état d’isolement que nous n’avons en rien recherché. On se doit de respecter la distanciation physique qui est requise et c’est très important de le faire pour prévenir toute contagion. Mais en même temps, tout en cherchant à prévenir toute contagion, on aimerait plus que jamais se rapprocher les uns les autres. C’est probablement un des biens les plus précieux qui pourra émerger de cette épreuve que nous traversons actuellement. En cette période de confinement, alors que nous étions poussés dans nos retranchements et que nous étions obligés à respecter une certaine distanciation physique, nous avons travaillé fort pour renouveler nos moyens de communication, probablement sans nous en rendre compte, nous y travaillons encore et nous voulons continuer à y travailler sans cesse, afin de trouver d’autres façons de tendre la main envers nos prochains et pas uniquement au sens physique.


De cette manière, nous pourrons poser de petits gestes qui auront le pouvoir de toucher les cœurs. Il peut s’agir d’un appel téléphonique, même bref ou encore d’un message sur les médias sociaux ou sur internet, en cherchant toujours à rester en mode proactif, en cherchant de nouvelles façons de renouveler nos façons de nous rencontrer les uns les autres et, en même temps, de renouveler notre prière.

En ce temps de pandémie où nous nous sentons isolés, où nous nous sentons devant l’inconnu et où notre cœur est rempli d’incertitudes, tournons-nous vers le Seigneur. Prions le Seigneur, invoquons sa miséricorde envers l’humanité, mais aussi sur notre famille, sur chacun et chacune d’entre nous, et remettons notre vie entre ses mains car Dieu ne nous abandonne jamais.