Montréal

Les derniers religieux du Très Saint-Sacrement quittent l’avenue du Mont-Royal pour leur maison de Loretteville à Québec, après près de 130 ans de vie très active au cœur du Plateau.

Pour souligner ce départ et dire merci à cette congrégation qui a œuvré au cœur de la ville pour faire connaître et aimer l’eucharistie et la prière, mais aussi diverses œuvres de charité, une messe d'action de grâces a été célébrée par Mgr Alain Faubert, évêque auxiliaire du diocèse de Montréal au Sanctuaire du Saint-Sacrement, le samedi 29 septembre.

C’est en 1890 que les Religieux s’installent à la Maison Barré. Deux ans plus tard, ils entreprennent la construction du magnifique Sanctuaire du Très-Saint-Sacrement, au 500 avenue Mont-Royal.

Très actifs dans leur milieu, les vocations étaient nombreuses. À un point tel qu’ils ont dû procéder à l’ouverture de 13 maisons partout à travers le Canada afin d’accueillir plus d’une centaine de novices.

À partir des années 70, les vocations ont commencé à décliner. « Ça fait 30 ans qu’on a plus de vocation du tout, admet le père Loyola Gagné, qui habite à la maison de Loretteville à Québec. C’est une conséquence normale de la laïcisation du Québec. Il n’y a plus de famille! Et les familles sont éclatées. On sait que la vocation, ça prend racine dans la famille, alors… À moins de cas miraculeux! »

La congrégation, comme bon nombre de communautés religieuses catholiques, vit un déclin en Occident, alors qu’elle connaît une croissance en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie.

Divine Providence

« Il y a quelques années, notre père provincial avait commencé à vendre toutes les maisons du Canada pour s’apercevoir qu’on ne pourrait même plus s’occuper de celle de Montréal! C’est là qu’est arrivé quelque chose d’incroyable », raconte le père Gagné.

Âgé de 87 ans, « 87 pis pas d’marchette! », comme il le dit si bien lui-même, il aime raconter la manière dont la divine Providence a pris soin de poursuivre l’œuvre des Religieux du Très Saint-Sacrement d’une manière nouvelle, mais dans le même esprit que celui qui a suscité sa fondation et tant de vocations.   

« Comme je disais, il fallait fermer la maison qui avait toujours été la plus active de toutes : Montréal. Notre supérieur a donc écrit une lettre à l’évêque qui, à l’époque, était le Cardinal Turcotte. Il lui disait qu’il souhaitait donner la chapelle ainsi que les deux couvents – toute la bâtisse quoi, avec le grand jardin extérieur – au diocèse de Montréal. Alors, la petite histoire c’est que, on a su qu’au moment même où le Cardinal lisait notre lettre, il recevait, par le même courrier, une lettre du responsable de la Fraternité monastique de Jérusalem, en France, qui lui demandait s’il y aurait, quelque part à Montréal, au coeur de la ville, un bâtiment où pourrait s’installer la Fraternité! Pouvez-vous croire ça!? Dieu était à l’oeuvre! »

Le Cardinal n’a pas tardé. Il s’est empressé de répondre à la demande de la Fraternité monastique, laquelle s’installait au 500 avenue Mont-Royal en 2004.

Les pères Jean-Yves Garneau et René Pothier, qui demeuraient toujours à Montréal, quitteront donc définitivement leur maison, le 1er décembre prochain. Le père Loyola Gagné est bien conscient qu’un jour prochain, la Congrégation devra vendre la Maison de Loretteville et louer un logement pour les religieux qui resteront.

Êtes-vous triste, père Gagné? « Non. Vraiment. Vous savez, même ma sœur doit déménager. Âgée de 75 ans, elle est la plus jeune de sa congrégation, les Religieuses hospitalières de Saint-Joseph, fondée par nul autre que Jérôme le Royer de la Dauversière, en 1659, digne père de famille, qui n’a même jamais mis les pieds à Ville Marie, la ville qu’il avait tant rêvée! Tout ça, ça porte un nom. Ça s’appelle la Vie! »