Général

Par Benoît-Marc Boyer, prêtre

Bonne nouvelle : le 8 décembre prochain, Frank Leo deviendra cardinal de l’Église catholique. L’homme a une envergure nationale. Né à Montréal et y ayant servi pendant des années, il est actuellement l’archevêque catholique romain de Toronto. Mais il possède aussi une renommée internationale, ayant servi pendant des années la diplomatie de l’Église. Et si le cardinalat est d’abord un geste religieux, il est aussi porteur d’avenir pour la géopolitique mondiale. 

Un souci pour l’humanité 

Les nonciatures, les ambassades du Vatican qui est un état reconnu, jouissent, à travers le monde, d’une crédibilité enviable. En effet, alors que les ambassades des divers pays sont d’abord présentes dans un pays étranger pour défendre leurs propres ressortissants.es et les intérêts de leur propre nation, les nonciatures se préoccupent du bien des personnes. Pas étonnant qu’à travers les âges, elles aient, le plus souvent de manière discrète, aidé à la résolution de différends internationaux. Un des beaux exemples récents de leur souci des populations est le cas du nonce en Ukraine. Au moment du début de la guerre, pas de doute que le responsable des diplomates à Rome lui a suggéré de gagner la Pologne ou un autre pays pour sa sécurité. Plutôt que de suivre ce conseil, le nonce s’est assuré que son personnel était en sécurité. Il a descendu tous les matelas qu’il pouvait trouver au sous-sol de la nonciature et s’y est mis en sécurité du mieux qu’il le pouvait. Rien que cela serait digne de mention. Mais en plus, il s’est alors empressé, avec d’autres leaders religieux, de créer une soupe populaire pour aider les gens. Cela démontre bien le sens du service qui peut habiter le cœur de ceux qui servent la diplomatie vaticane. 

Un service universel 

Formé à cette école, Frank Leo en devenant cardinal sera un conseiller privilégié du pape, le chef d’État du Vatican. Il siégera à des commissions vaticanes, participera aux consistoires, réunions de cardinaux pour conseiller le pape et portera le souci des personnes selon son bagage d’expérience. Comme il devient cardinal à 53 ans et que, selon la règle, il pourra voter pour élire un futur pape jusqu’à 80 ans, pendant les 27 prochaines années, il sera l’un des rares parmi 120 cardinaux dans le monde dit la norme, pour élire un pape, un chef d’État apprécié et estimé, sinon pour son leadership religieux, du moins pour les valeurs d’entraide et de paix promues par son état. Et comme il a plusieurs années devant lui comme cardinal, on peut aussi penser qu’un jour, un pape pourrait l’inviter à présider à temps plein un dicastère à Rome, l’équivalent d’un ministère dans notre forme de gouvernement. Il serait alors un très proche des orientations du Vatican. Enfin, comme l’avenir est inconnu, on peut même penser qu’il pourrait arriver un jour qu’il devienne lui-même ce chef d’État. N’oublions pas qu’il parle au moins quatre langues, qu’il s’est doté d’une solide formation académique et qu’il provient d’un pays de paix, le pays de la création des Casques bleus. 

La géopolitique mondiale 

Dans un monde de plus en plus complexe, la nomination de nouveaux cardinaux vient moduler les relations entre les états. Parce qu’ils influencent le chef d’état du Vatican qui est une voix importante dans les relations internationales, parce qu’ils sont porteurs de leur réalité locale à une dimension internationale, parce qu’ils élisent celui qui doit être le champion international de la paix, parce qu’ils ont une chance sur 120 d’être ce leader en humanité, ils sont porteurs d’espérance. C’est justement le thème du jubilé de 2025 que le pape propose à la réflexion universelle : « Regarder l’avenir avec espérance, c’est avoir une vision de la vie pleine d’enthousiasme à transmettre. » (François, L’espérance ne déçoit pas, bulle d’indiction du jubilé 2025, 9 mai 2024).  

Bonne route à promouvoir l’entraide des peuples et la paix.