Une Marguerite en terre de Ville-Marie
Montréal
Voici un texte écrit par M. l'abbé Marcel Lessard afin de souligner l'événement significatif (400e anniversaire de naissance de de Sainte Marguerite Bourgeoys) dans l'histoire de l’Église locale.
Auteur : Marcel Lessard
C’était ce dimanche venteux et glacial du 12 janvier dernier, nous nous rendions à la petite Chapelle de Notre-Dame-de-Bonsecours dans le Vieux-Montréal. Le mauvais temps nous empêchait de remplir l’église… Nous allions entourer Mgr Christian Lépine pour célébrer la fête de sainte Marguerite Bourgeoys qui coïncidait cette année avec la fête du Baptême du Seigneur. Belle coïncidence pour souligner les vertus et la mission de celle qui a donné toute sa vie en réponse aux engagements de son baptême. La célébration de l’Eucharistie fut sobre et combien signifiante, presqu’intime pour les « filles séculières » de la Congrégation de Notre-Dame.
Nous inaugurions à cette occasion l’« Année Marguerite-Bourgeoys » pour nous rappeler le 400e anniversaire de sa naissance. Née le 17 avril 1620, un Vendredi-Saint, les Bourgeoys accueillent et célèbrent l'arrivée de leur enfant, qui deviendra le sixième de douze enfants. Le papa Abraham était marchand et fabricant de cierges et de bougies. La petite fille a joué et grandi à l’ombre du chevet de son église paroissiale dans le faubourg de Troyes, en Champagne. Ses jeux d’enfant sont déjà empreints de délicatesse et d’attention envers ses compagnes. Se préoccuper des autres et organiser les rencontres joyeuses étaient déjà ses traits de caractère.
Voilà que devenue jeune femme, elle se lie d’amitié avec Soeur Louise Chomedey et commence à participer activités des filles de la Congrégation de Notre-Dame nouvellement établie à Troyes. Lors d’une procession en la fête du Rosaire au Couvent des Jacobins, elle est frappée par la beauté d’une statue de Marie qui semble lui sourire. Cette émotion ressentie dans son âme ne demeure pas sensiblerie passagère mais vient la bouleverser et l’interpeler. Cette beauté de Marie l’entraîne à vouloir changer de vie pour vivre désormais à la manière de celle qui « méditait toutes ces choses dans son cœur ». Sa piété et ses dévotions sont intégrées dans une vie spirituelle déjà éveillée par la grâce du Baptême.
Au cours de ces années de discernement, la jeune femme dans la vingtaine sent un appel pressant de fonder un regroupement de femmes et d’aller en mission. Sa dévotion mariale prend un élan aux allures missionnaires. Dans l’église paroissiale voisine, elle va souvent prier devant une statue qui représente la rencontre de Marie et de sa cousine Élisabeth. (J’ai vu cette statue forte jolie et inspirante !) Une joie rayonne de cette visitation de Marie à Élisabeth, deux femmes porteuses du mystère de notre salut, le Précurseur et le Sauveur. La jeune fille devenue féconde est accueillie par sa cousine âgée qu’on disait stérile; et les deux s’embrassent de joie! Cette scène de la Visitation inspire Marguerite. Ce sera Marie « voyagère » qui guidera désormais ses pas dans une aventure extraordinaire.
Une rencontre avec le frère de son amie Louise Chomedey sera l’occasion inattendue de mettre en œuvre sa mission. Paul Chomedey rend visite à sa sœur et va régler des affaires de famille dans sa ville natale de Neuville-sur-Vanne. Il a fondé, onze ans plus tôt une petite communauté appelée Ville-Marie sur l’île de Montréal. Le nom de cette communauté manifeste déjà la dévotion mariale qui l’anime. Marguerite sent que Marie « voyagère » va l’entrainer en mission dans le Nouveau-Monde… C’est en 1653, elle a 33 ans… Aux moments de certaines hésitations, elle entend Marie la rassurer : « Va je ne t’abandonnerai pas…! »
Nous allons la suivre bientôt sur les traces qu’elle a laissées dans les forêts et les neiges de la Nouvelle-France.
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