Montréal

Voici la neuvième lettre pastorale de l'archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine.

Chers frères et chères sœurs,

En ce mois d’octobre nous sommes toujours aux prises avec la Covid-19. Une 2e vague nous frappe. Nous sommes dans l’incertitude depuis mars dernier, toujours dans l’attente d’une réponse médicale et devant un inconnu grandissant en ce qui concerne l’avancée ou le recul de cette maladie. Une certaine fatigue, pour ne pas dire une fatigue certaine, s’installe.

Que découvrons-nous de nous-mêmes, de notre famille, de la société, de l’Église, de Dieu? Nous avons appris à avoir une approche plus globale et plus concrète de la personne. Nous pensons à la santé physique mais aussi aux besoins psychologiques. Nous expérimentons que nous sommes des êtres de relations et nous souffrons lorsque la solitude devient isolement. Nous sommes préoccupés par le bien des autres et nous cherchons des chemins de solidarité.

Nous avons cheminé. Les équipes de l’Archevêché de Montréal, des paroisses et des diverses communautés constatent quotidiennement le besoin des personnes, dans des situations diverses de foi, de bénéficier d’un soutien spirituel. Des hommes et des femmes, des adultes et des jeunes, des familles et des individus, en quête de sens, de paix et de force intérieure, cherchent à se ressourcer.

Diverses initiatives sont nées durant le confinement par les différents moyens de communication. Ils se sont avérés très utiles et nous devons continuer d’y œuvrer. De fait ils sont devenus indispensables car ils nous ont permis de rejoindre non seulement des gens connus mais de faire de nouvelles rencontres. Ils ont été des canaux pour rejoindre les gens et les familles dans leur foyer. Ils ont permis de mettre en valeur la famille comme Église domestique appelée à prier, à grandir dans la communion, à servir et à rayonner.

La reconnaissance grandissante du caractère essentiel des besoins spirituels nous fait redécouvrir l’importance d’une présence à l’église qui permet de fortifier l’effet combiné et réciproque de l’affectif, du psychologique et du spirituel, du corps, du cœur et de l’âme, du personnel et du communautaire. L’église est une maison de prière pour la personne, la famille et la communauté. Elle est un lieu de culte rythmé par des célébrations liturgiques quotidiennes et dominicales. Elle est un espace de silence et de recueillement accessible et disponible. Elle est une porte ouverte sur Dieu. Elle est une école de solidarité et un centre d’envoi en mission pour servir dans les sphères de la famille, du travail et de la société.

Les portes de nos cœurs n’ont jamais été fermées. Les portes de nos églises sont actuellement ouvertes. Même si le nombre de personnes rassemblées est limité, la noble tâche de promouvoir et de servir la vie spirituelle et l’amour continue. Nous partageons le souci de protéger la santé publique et nous voyons le si grand bien qu’il y a à nourrir l’esprit humain par la prière et par la liturgie, par le chapelet et par l’adoration, par la Bible et par la Messe.

Les conditions de la mission se modifient, mais la mission demeure : être des témoins de l’Amour de Dieu, conduire à Jésus-Christ, devenir toujours davantage le Temple de l’Esprit, le Corps du Christ et le Peuple du Père, au service des personnes, des familles et de l’humanité.

Invoquons l’Esprit-Saint pour renouveler nos chemins de présence, de rencontre et d’accompagnement. Revoyons nos priorités. Comptons sur Dieu en nous en remettant à sa Providence et en servant son Plan de Création et de Salut.

L’Église invite et aide à se centrer sur le beau et l’amour, le vrai et le bien. Même si tout ne dépend pas de nous, chaque personne a un rôle à jouer. Ne nous laissons pas abattre. Ne laissons pas tomber la vie communautaire chrétienne, même si elle est restreinte. Devant l’inconnu, la vie spirituelle est source de paix intérieure et de force d’âme pour traverser ensemble, avec calme et courage, les épreuves occasionnées par cette pandémie.

Dans notre vie personnelle, familiale, ecclésiale et sociale, redécouvrons, au cœur du nouveau normal, le nouvel essentiel : le spirituel.

En la fête de Notre-Dame du Rosaire, que Marie nous apprenne le oui de la foi. Que Dieu trois fois Saint nous bénisse. Que notre vie d’enfants du Père, et de frères et sœurs les uns des autres, grandisse par Jésus-Christ et dans l’Esprit-Saint



† Christian Lépine
   Archevêque de Montréal