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En novembre 2022, Caritas Bangladesh a invité Développement et Paix et d’autres membres de Caritas Internationalis à une réunion des partenaires internationaux pour l’aider à revoir son programme d’intervention d’urgence auprès des réfugié.e.s rohingyas. Les délégués ont visité les camps de Cox’s Bazar qui abritent la plus grande population de réfugié.e.s au monde. Les histoires de l’Avent de cette année ont été recueillies dans et autour de ces camps.

Caritas Canada - par Minaz Kerawala, Conseiller en communications et relations publiques

 

« Écoutez-moi, génération de saints : croissez comme la rose plantée au bord des eaux. » ―Ben Sira 39,13

 

Ils chantent bruyamment et joyeusement, en dansant autour d’elle en cercle. Ils l’écoutent, bouche bée et les yeux écarquillés, alors qu’elle raconte vivement une histoire. Ses gestes et ses expressions les captivent, ils rient et couinent de plaisir ! Les enfants qui se pressent autour de Jannatul Bakya Riaju ne pourraient pas l’aimer davantage. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.

« Au début, les enfants ne me regardaient même pas », se souvient Mme Riaju. « Leurs parents ne nous faisaient pas confiance ou ne voulaient pas les envoyer chez nous. »

Mme Riyaju ne l’a pas pris personnellement. Elle savait que les enfants rohingyas qui avaient fui au Bangladesh avaient probablement vu trop d’horreurs en Birmanie (Myanmar) pour être confiants et ouverts ou même pour imaginer que l’on puisse s’amuser.

Une vie dure et difficile

Les mineur.e.s représentent plus de la moitié du million de Rohingyas qui vivent dans le plus grand camp de réfugié.e.s du monde, à Cox’s Bazar, au Bangladesh. « Et un camp de réfugiés n’est pas un endroit où les enfants peuvent s’épanouir », déclare Mosharraf Hossain, chargé des services de protection de Caritas Bangladesh.

M. Hossain a énuméré leurs difficultés. Leurs parents ne peuvent travailler que sous des conditions strictement limitées, ce qui fait que leurs familles sont très pauvres. Ils sont traumatisés par ce qu’ils ont vécu dans leur pays d’origine. Ils ne sont quasiment pas scolarisés. Il n’y a pas d’électricité, pas d’eau courante et pas d’accès à Internet. Ils sont coupés du monde extérieur. « C’est comme s’ils étaient flétris », affirme-t-il.

  • Les mineur.e.s représentent plus de la moitié du million de Rohingyas qui vivent dans le plus grand camp de réfugié.e.s du monde, à Cox’s Bazar, au Bangladesh.
  • Caritas Bangladesh a créé des centres polyvalents pour enfants et adolescent.e.s avec l’aide de Développement et Paix ― Caritas Canada.
  • « Les enfants qui viennent chez nous réussissent mieux dans les centres d’apprentissage, parce qu’ils deviennent plus attentifs ici. »

Un lieu de repos

L’enseignement formel n’étant pas autorisé au-delà de la troisième année dans les camps, les organisations humanitaires ont mis en place des centres d’apprentissage informels. « Ces établissements suivent un programme structuré et réussissent à bien former les enfants », estime M. Hossain. « Mais ils ne font pas vraiment grand-chose pour les besoins émotionnels et sociaux des enfants. »

C’est pourquoi Caritas Bangladesh a créé des centres polyvalents pour enfants et adolescent.e.s avec l’aide de Développement et Paix ― Caritas Canada. C’est dans l’un de ces centres que Mme Riaju, 25 ans, travaille comme animatrice.

Les centres polyvalents fonctionnent comme des espaces sécuritaires pour les enfants. Mme Riaju explique : « Les jeunes viennent ici pour s’amuser. Ils viennent pour écouter des histoires, chanter et dessiner. Mais ils finissent par apprendre beaucoup de choses. »

Des fusils aux fleurs

« Je commence par leur dire bonjour et par leur demander de me raconter leur journée. Ensuite, nous chantons l’hymne national birman », révèle Mme Riaju. Elle explique que cette routine permet de contrer les mauvais souvenirs que les enfants ont de leur patrie.

Mme Riaju et sa co-animatrice engagent les enfants dans des jeux et des conversations, dans lesquels elles glissent habilement quelques instructions. « Nous leur parlons de ce qui se passe dans le monde. Nous écoutons leurs craintes et leurs espoirs. »

« Beaucoup d’enfants avaient une très mauvaise hygiène », raconte Mme Riaju à contrecœur, hésitant à dénoncer ses enfants chéris. « Certains d’entre eux sentaient même mauvais. » Elle a donc commencé à intégrer des instructions de soins personnels dans ses histoires. Et ça a marché. « Maintenant, ils viennent tous me dire qu’ils se sont brossés les dents et qu’ils ont pris une douche. Et je peux voir qu’ils portent toujours des vêtements propres. Ils aiment bien s’habiller pour venir ici. »

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Une expérience qui change la vie de chacun

Mme Riaju aime « contribuer au développement physique, mental, cognitif et émotionnel des enfants. » Elle considère que les centres polyvalents pour les enfants et les adolescent.e.s jouent un rôle complémentaire à celui des centres d’apprentissage. « Les enfants qui viennent chez nous réussissent mieux dans les centres d’apprentissage, parce qu’ils deviennent plus attentifs ici. »

Elle-même n’est pas restée intouchée par son travail. « J’ai choisi ce métier parce que j’aime travailler avec les enfants », dit Mme Riaju, rayonnante. Elle apprécie particulièrement la formation qu’elle a reçue en matière de techniques d’animation, de psychologie de base de l’enfant, de protection et de sauvegarde, le tout renforcé par des sessions régulières de mise à niveau.

Selon M. Hossain, il est rare que les jeunes femmes de cette partie du Bangladesh rural aient un emploi. Il est convaincu que l’expérience positive de Mme Riaju contribuera à améliorer l’attitude de sa communauté à l’égard des personnes réfugiées rohingyas.

Mme Riaju est fière que ses revenus aient aidé son père à agrandir son entreprise. Elle a également incité ses jeunes frères et sœurs à lire davantage et à mieux réussir à l’école. « Dans mon village, les gens me montrent maintenant du doigt pour indiquer à leurs enfants ce qui est possible avec l’éducation », dit-elle avec un sourire gêné.

Un message pour le Canada

Mme Riaju est profondément reconnaissante à Caritas Bangladesh pour les possibilités créées. Elle apprécie également le soutien qui vient de l’autre bout du monde. « Je prie pour les Canadiennes et les Canadiens qui nous aident. Salaam à vous toutes et tous ! »

Envoyant des salutations spéciales au personnel enseignant et aux parents de ce pays, elle ajoute : « Nous avons besoin d’une aide accrue de votre part, car nous voulons donner à ces enfants tout ce que les enfants du Canada ont. »

En cette saison de générosité, pensez à faire un don pour que nos partenaires puissent continuer à aider les enfants les plus pauvres à s’épanouir.

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