Montréal

Par Louise Royer  

Hiroshima, une ville du Japon, a été victime d’une bombe atomique le 6 août 1945. Montréal se souvient… et s’engage pour le désarmement nucléaire : à travers Maires pour la paix, et par ses citoyens et citoyennes mobilisés dans divers organismes, Montréal fait en sorte que cet enjeu reste bien présent dans la conscience populaire.

Une cloche offerte par la ville de Hiroshima et installée au jardin japonais du jardin botanique de Montréal, rappelle au grand public cette alliance de paix entre nos deux villes. Il est coutume, chaque 5 août à 19h15 (l’heure de l’explosion selon notre fuseau horaire) de faire sonner la cloche de la paix lors d’une cérémonie civique. Plusieurs artistes, notamment des Artistes pour la paix, ont, au fil des ans, donné à cette cérémonie sa puissance évocatrice. En pause lors de la COVID, les visites d’élèves d’Hiroshima ont aussi contribué à actualiser cet engagement.  

Hiroshima n’est pas unique en son genre. 25 villes d’autres pays avaient, en 2017, des ententes de collaboration avec Montréal. Le jumelage avec Hiroshima illustre la volonté des peuples pour le désarmement nucléaire et leur désir de paix. Les États ont la grave responsabilité d’agir sur ce terrain. Au moins un député fédéral montréalais a fait partie des Parlementaires pour la non-prolifération et le désarmement nucléaires, jusqu’à sa récente démission comme député.  

Le traité international pour l’abolition des armes nucléaires a été signé et ratifié par une majorité de pays membres de l’Organisation des Nations Unies en 2017. La Torontoise Setsuko Thurlow, une hibakusha – survivante d’un bombardement nucléaire, celui d’Hiroshima - a été l’une des instigatrices de ce traité. Le Canada, à l’instar de son puissant voisin, refuse de le signer, préférant miser sur le traité de non-prolifération. Notre sécurité nationale reposerait sur la dissuasion, c’est-à-dire la possibilité que des alliés de l’OTAN utilisent des armes nucléaires à des fins défensives.   

Le Pape François affirme plutôt que la simple possession d’armes nucléaires est immorale (discours au corps diplomatique, 9 janvier 2023). Il l’avait expliqué lors de sa visite à Hiroshima le 24 novembre 2019, il l’a réitéré dans son encyclique sur la fraternité humaine, Fratelli tutti, 262 : « Dans ce contexte, l’objectif ultime de l’élimination totale des armes nucléaires devient à la fois un défi et un impératif moral et humanitaire ». Encore le 11 mai dernier, à l’occasion du 60e anniversaire de l’encyclique Pacem in Terris de Saint Jean XXIII, il affirmait : « Il est nécessaire de réformer en profondeur les structures multilatérales que les États ont mises en place pour gérer la sécurité et garantir la paix, mais qui sont désormais privées de liberté et de possibilité d'action. Il ne suffit pas qu'elles proclament la paix si elles ne sont pas dotées de la capacité autonome de promouvoir et de mettre en œuvre des actions concrètes, car elles risquent de ne pas être au service du bien commun, mais seulement des instruments partiaux ».  

Chaque année au début d’août, l’Église catholique qui est au Japon prie pour la paix et le désarmement nucléaire. À l’occasion du pèlerinage Marie-Reine-de-la-Paix (6 au 15 août), et encore le 26 août prochain, des marches ont lieu dans les rues de Montréal pour prier, notamment pour la paix et pour la fin des guerres. Quelle belle occasion de rendre grâces pour les 25 ans de jumelage de notre ville avec Hiroshima; et pour se laisser enseigner par l’Esprit-Saint à être ensemble artisans de paix!  

Voici quelques pistes pour approfondir: