Montréal

Témoignage de Louise Royer 

La cathédrale était pleine et le côté solennel de la fête, bien marqué par la garde d’honneur des Chevaliers de Colomb et de l’Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem; ainsi que par le chant puissant du chantre, et celui, tout en douceur de la chorale. 

Dans ma méditation préparatoire, j’ai dans le cœur une action de grâces pour les artisans et artisanes de la pastorale sociale de quartier, rencontrés en après-midi, qui touchent la chair meurtrie du Christ dans les pauvres à longueur d’année, à partir du corps du Christ qu’est l’Église. Je me souviens avec joie que nous approchons du 15ème anniversaire du grand événement que fut le congrès eucharistique de Québec, en 2008 et je réentends le cri de Marguerite Barankitse : « Nous sommes l’Eucharistie! » Je demande pardon pour les péchés de mon peuple, en particulier celui de banaliser et de légaliser l’euthanasie, la gestation pour autrui, la privation de nourriture et de logement pour les pauvres. Je me souviens avec reconnaissance de la paix et de l’unité en Église que j’ai pu toucher du doigt lors d’une procession de la Fête-Dieu antérieure, avec ma défunte amie et son chien-guide. 

Je me souviens de la piété populaire en Bolivie, où cette fête est un congé férié national. En effet, la solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ est célébrée au Canada et dans d’autres pays le dimanche en vertu de décision de la conférence épiscopale. Elle a lieu généralement le jeudi suivant la fête de la Trinité : de là l’idée que la Fête-Dieu diocésaine ait lieu ce jour-là. 

Mgr Lépine, dans son homélie, présente cette solennité comme celle de la centralité de l’Eucharistie dans la vie chrétienne, centralité qui rend bien concrète celle de Jésus-Christ dans nos vies. Jésus - sa présence dans l’Eucharistie - n’est pas là pour lui-même mais pour opérer en nous une transformation qui pousse à aimer mieux, à aimer davantage; personnellement et collectivement. 

La procession illustre corporellement et symboliquement cet amour qui sort à la rencontre de l’autre : l’évêque sort, portant l’ostensoir, accompagné de la foule aux chandelles allumées. Sans haut-parleurs puissants, sans plate-forme, sans dais, dans la pénombre du soir, la procession avance, priant calmement, presque dans un murmure. Des passants sont étonnés, intrigués, impressionnés. Des fidèles remarquent une statue du Sacré-Cœur exposée à une fenêtre et la photographient. Des amis se reconnaissent ou font connaissance, échangent quelques mots et marchent ensemble. Quelle beauté! Sur le parvis de la cathédrale, l’hymne Tantum ergo conclut la célébration. 

Mais là ne se termine pas l’expérience! Les rencontres sur le chemin du retour – dans le métro - font partie de cette expérience d’amour collectif. Comme l’Esprit-Saint fait bien les choses!