Pape François

Le Pape François a célébré ce mercredi matin en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe une messe à l'occasion du septième anniversaire de sa visite sur l'île italienne de Lampedusa, symbole des migrations en Méditerranée depuis plusieurs années. Dans son homélie, il a affirmé que nous n'avons qu'une version "distillée" de ce qui se passe dans les "camps de détention" en Libye aux migrants qui y arrivent dans l'espoir de rejoindre l'Europe. Le Saint-Père a invité à voir dans les visage des migrants celui du Seigneur.

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Pandémie de Covid-19 oblige, le Pape a célébré cette messe anniversaire en petit comité, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, en présence des membres de la section «migrants et réfugiés» du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral. Pas de migrants, cette fois, comme l'an passé, autour de François pour commémorer une visite qui fut la première hors de Rome pour celui qui avait été élu Pape quelques mois auparavant. En 2013, Lampedusa était perçue comme la «porte de l'Europe» pour des dizaines de milliers de personnes en quête d'une vie meilleure sur le Vieux Continent.

Sept ans plus tard, si la situation sur place s'est améliorée et que les tentatives de traversées de la Méditerranée ont diminué, pas question pour le Pape d'oublier. Il nous rappelle encore la nécessité de s'engager pour ne pas abandonner toutes ces personnes qui, au péril de leur vie, espèrent approcher des côtes européennes. Il rappelle à chacun que rechercher le visage de Dieu, c'est savoir le voir dans «le visage des pauvres, des malades, des abandonnés et des étrangers que Dieu met sur notre chemin».

L'horreur des camps libyens

«En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25, 40) : «Cet avertissement est aujourd’hui d’une brûlante actualité, affirme le Pape. Nous devrions tous l’utiliser comme un point fondamental de notre examen de conscience quotidien». Et de penser à «la Libye, aux camps de détentions, aux abus et aux violences dont sont victimes les migrants, aux voyages d’espérance, aux sauvetages et aux refoulements». «Vous ne pouvez pas imaginer l'enfer dans lequel on vit dans ces camps» insiste le Pape, se rappelant sa rencontre avec ces naufragés. L'interprète ne lui avait alors traduit que le quart des récits de torture qu'un homme lui avait confié.

C'est en souvenir de cette rencontre à Lampedusa que le Pape prie la Vierge Marie, Solacium migrantium (Réconfort des migrants, nouvelle invocation des litanies de Lorette) pour qu'elle nous aide «à découvrir le visage de son Fils dans tous les frères et sœurs contraints à fuir leur terre à cause de tant d’injustices dont notre monde est encore affligé».

Les chrétiens comme Israël dans le désert

Dans son homélie, le Pape rappelle que «le visage de Dieu est notre but et aussi notre étoile polaire, qui nous permet de ne pas perdre le chemin». Or, les chrétiens d'aujourd'hui sont comme le peuple d'Israël dont parle le prophète Osée, dans la première lecture. Ils ne sont pas immunisés contre «la prospérité et l’abondante richesse» qui les ont éloignés du Seigneur et ont rempli leur coeur «de fausseté et d’injustice», précise François.

Le prophète exhorte donc à se convertir et «à tourner nos regards vers le Seigneur pour apercevoir sa face». Cette «recherche du visage de Dieu est motivée par un désir de rencontre personnelle avec le Seigneur, avec son immense amour et sa puissance salvifique» ajoute le Pape. Comme les douze apôtres ont pu regarder Jésus dans les yeux, nous pouvons nous aussi, «disciples du troisième millénaire», le rencontrer personnellement aujourd'hui.

«Cette rencontre devient aussi pour nous un temps de grâce et de salut, en nous investissant de la même mission confiée aux Apôtres» ajoute le Pape. Citant ce qu'il avait dit en février dernier lors de la rencontre de Bari “Libérés de la peur”, il rappelle que c'est Jésus qui «frappe à notre porte affamé, assoiffé, étranger, nu, malade et prisonnier, en demandant qu’on le rencontre et qu’on l’assiste».