Hommage au père Marcel Lalonde, c.s.c.
Montréal
Le diocèse a reçu ce texte de l’abbé Benoît-Marc Boyer, Ad.E. et a décidé de le publier comme signe de l’hommage diocésain que nous portons au père Marcel Lalonde, c.s.c., recteur de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal de 1962 à 1992, récemment décédé. À toute la communauté de l’Oratoire et à la Congrégation de Sainte-Croix nous offrons nos condoléances et notre prière.
Cher Marcel,
Malgré notre différence d’âge, tu me permettras de te tutoyer. Pour te saluer.
Je t’ai connu moi enfant, toi déjà recteur de l’Oratoire Saint-Joseph. Tu y menais avec détermination les destinées du lieu touristique le plus visité à Montréal avec un million de visites annuelles à l’époque. J’y chantais comme Petit Chanteur et admirais secrètement l’homme que tu étais.
Nommé recteur en 1962, à l’aube des bouleversements du Concile Vatican II, tu as su avec habileté transformer la liturgie et l’adapter à ces lieux grandioses. Lorsque le frère André fut béatifié en 1982, tu as non seulement mené la délégation montréalaise à Rome pour l’occasion mais tu as encore orchestré toutes les festivités qui se tiendraient à l’Oratoire pour souligner le tout. Pas étonnant qu’au moment d’imaginer une fête avec 50 000 jeunes au Stade olympique et Jean-Paul II en 1984, Jean-Claude Turcotte, qui allait devenir archevêque puis cardinal ait tout de suite pensé à toi. J’y étais, et je me souviens avec émotions des larmes partagées par tant de jeunes devant la beauté des chorégraphies et les messages inspirants nous invitant à bâtir un monde beau, juste, ouvert.
Tu avais aussi une âme artistique. Pouvait-il en être autrement pour avoir l’audace d’inviter Offenbach à donner un concert à l’’Oratoire demeuré mémorable? Tu avais aussi une sollicitude particulière pour le chœur des Petits Chanteurs du Mont-Royal. C’est toi qui étais à la barre avec les Jeux olympiques de Montréal, ou lorsque nous avons chanté avec Luciano Pavarotti à l’église Notre-Dame de Montréal dans un concert de Noël qui est passé à l’histoire. Puis il y a eu les premiers soubresauts de rayonnement international des PCMR avec le Venezuela et les voyages qui allaient se multiplier après ton départ comme recteur. Sensible aux besoins d’un chœur d’une telle envergure, tu as traversé les dédales administratifs pour lui offrir un pavillon de travail fonctionnel et agréable tout juste inauguré lui aussi après ton départ en 1992.
Au niveau du design et de l’architecture urbaine, tu savais développer le beau. C’est sous ton impulsion que l’intérieur de l’Oratoire menant à sa majestueuse basilique sera complété. À une époque où cela n’existait à peu près pas dans le paysage, tu dotes l’Oratoire d’un jeu de lumières illuminant son dôme ainsi visible dans la nuit jusque loin vers la banlieue de Montréal. Tu as aussi le souci d’améliorer les jardins qui sont toujours à ce jour un lieu de calme et de paix au cœur de la ville prisé par tant de personnes. Tu améliores le lieu qui demeure à ce jour, sauf bien sûr en temps de confinement, l’un des plus (le plus?) visité par les touristes avec des visites qui se comptent en million.
Sur un ton plus personnel, je m’étais permis comme PCMR de t’envoyer un mot de félicitations lorsque tu avais reçu la médaille Pro Ecclesia et Pontifice du Vatican. Je crois, avec l’émotion transmise dans ta réponse, que tu avais été surpris et touché qu’un jeune PCMR ait su cela et ait pris le temps de le souligner. Tu me rendrais la pareille en venant concélébrer à mon ordination presbytérale en ce chaud matin de mai ’94.
Car je crois ne te l’avoir jamais dit. Mais si je suis devenu prêtre un jour, c’est inspiré par ton témoignage d’homme de foi et d’action tout à la fois. Pour moi, les deux se conjuguent au présent de la réalité de notre monde. Et de te voir agir m’a dit que cela était possible, que cela valait la peine.
Sois remercié Marcel. Pour tout le bien que tu as fait. Pour ta contribution aux arts, au design urbain. Pour ta foi inébranlable dans le Beau qui mène à Plus Grand, à Plus Loin, à Meilleur.
En un mot comme en deux, adieu. L’espérance que nous partagions me permet de rêver te retrouver un jour.
Benoît-Marc +
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