Journée nationale de prière en solidarité avec les peuples autochtones
National
Cette année, nous avons eu la chance d’avoir une délégation d’Autochtones qui a rendu visite au pape François à Rome afin de recevoir ses excuses au nom de l’Église catholique, et d’accueillir le Saint-Père dans notre pays pour l’entendre exprimer sa douleur alors qu’il entreprenait ce qu’il a appelé un « pèlerinage de pénitence ». Profitons de cette occasion pour nous appuyer sur les réflexions du pape François.
Le Saint-Père dit avoir été frappé par la justesse et la clairvoyance de l’expression « sagesse traditionnelle » utilisée par les délégations autochtones, car cette dernière souligne la nécessité de tenir compte de l’impact de nos délibérations aussi loin dans l’avenir que la septième génération. La compréhension qu’a le pape François des liens familiaux entre les générations et de leur importance pour progresser sur la voie de la réconciliation est particulièrement éclairante et appelle tous les catholiques à apprendre et à mettre en pratique des perspectives du monde autochtone vers la réconciliation.
« Les liens qui unissent les aînés et les jeunes sont essentiels, a souligné le pape François à Rome. Il faut les protéger, car nous risquons autrement de perdre notre mémoire historique et jusqu’à notre identité. » Lors de la messe à Edmonton, en la fête de sainte Anne et saint Joachim, le SaintPère a reconnu le don qu’est la famille et a souligné que « personne ne vient au monde détaché des autres. L’amour qui nous attendait et qui nous a accueillis dans la vie s’insère dans une histoire unique qui nous a précédés… nous n’avons pas choisi cette histoire; nous l’avons reçue en cadeau. » Cela correspond à la réponse d’un aîné de Cold Lake, en Alberta, à qui l’on avait demandé pourquoi les parents autochtones font preuve de tant d’indulgence envers leurs enfants : « il ne faut pas blesser l’esprit de l’enfant ». Les sévices subis par des enfants aux mains de personnes qui doivent façonner leur vie violent ce principe et qu’en milieu autochtone, les liens familiaux doivent être cultivés, protégés et chéris pour le cadeau qu’ils sont vraiment.
En tant que catholiques, nous reconnaissons, nous aussi, l’importance de renforcer les liens de la famille nucléaire et de la famille élargie, mais souvent, nous fermons les yeux sur les différentes façons dont la colonisation continue d’affecter ces valeurs que nous défendons. Des voix autochtones ont souligné que les « pensionnats » continuent d’exister aujourd’hui sous d’autres formes. Les services de protection de l’enfance arrachent des enfants autochtones de leur famille nucléaire et élargie. Le système judiciaire canadien sépare aussi les parents de leurs enfants, ce qui compromet gravement la continuité des liens entre eux, la formation de l’identité et, en fait, l’équilibre du développement humain. En tant que catholiques soucieux de réconciliation, pouvons-nous réclamer des changements aux actes qui contribuent à perpétuer le traumatisme intergénérationnel?
L’entretien et le renforcement des liens familiaux sont bien évidents dans plusieurs traditions autochtones, du pow-wow qui rassemble toutes les générations autour du don de la danse et de la fête, à la sagesse traditionnelle illustrée par la cérémonie du « calumet de la paix » qui démontre l’interdépendance de tous les êtres au sein de la création.
Ce ne sont là que deux exemples des nombreuses traditions qu’on peut approfondir pour mieux comprendre les peuples autochtones, dans le contexte du cheminement vers la réconciliation.
Lors de sa visite à Iqaluit, dernière étape avant son retour à Rome, le pape François a échangé avec un aîné qui évoquait l’esprit qui régnait dans les familles autochtones avant l’avènement du système des pensionnats pour autochtones. « Cette époque où les grands-parents, les parents et les enfants vivaient ensemble dans l’harmonie, il la comparait au printemps et au joyeux gazouillis des oisillons autour de leur mère. Mais le printemps s’est arrêté, les familles ont été brisées. L’hiver a tout enseveli. »
Au fur et à mesure que nous apprenons à nous connaître les uns les autres et que nous nous éloignons des stéréotypes pour mieux comprendre les croyances et les valeurs qui nous sont propres et celles que nous avons en commun, puisse notre cheminement vers la réconciliation ramener le printemps à nouveau et bannir à tout jamais l’hiver de la honte.
Conseil catholique autochtone du Canada
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