Montréal

L’archevêque du diocèse de Montréal, Mgr Christian Lépine, a célébré une messe le jeudi 3 juin dernier en l’honneur de la Fête-Dieu. Malgré les restrictions sanitaires, une petite assemblée a pu être présente et vivre un court temps d’adoration à la fin de la messe, même si la traditionnelle procession avec le Saint-Sacrement n’a pu avoir lieu.

Dans une méditation sur les textes du jour, l’Archevêque a expliqué l’évolution du sens du «sacrifice», pour nous aider à comprendre comment le rapport à Dieu a été transformé au fil des âges jusqu’à l’adorer dans l’Eucharistie. 

Le sens du « sacrifice » : de la terre pour le Ciel 

D’abord, dans l’Ancien Testament, le signe du sang de l’alliance nous parle du rapport de l’humain au divin, a expliqué Mgr Lépine : « L’être humain existe, il a la vie, une famille, un clan, il se nourrit de ce que donne le sol, des animaux, et il regarde le ciel, le soleil le jour, les étoiles la nuit. Et ce qu’il voit, c’est qu’il vit sous le regard de Dieu ou des divinités ». Ainsi, à ce moment, « l’humain vit devant Dieu, il vit en présence de Dieu et sa foi se base sur ce qu’il voit et par ce qu’il interprète comme étant des divinités ». Ainsi, l’humain demande à/aux Dieu(x) la bienveillance « pour pouvoir gagner des guerres, se nourrir du sol et des animaux ». À travers tous les évènements, « il veut, lorsqu’il fait l’expérience dans son regard de la bienveillance [...], remercier Dieu. Il veut rendre grâce à Dieu ».

« L’être humain dans la noblesse de son cœur voit les bienfaits de Dieu, il voit qu’il reçoit la vie, la nourriture. Et devant le don de Dieu il veut remercier », a lancé Mgr Lépine.

Dans le langage religieux, le « mot classique » utilisé pour rendre grâce à Dieu est sacrifice : « Parce que le sacrifice c’est de rendre sacré, de prendre quelque chose de la terre et de l’offrir à Dieu ». Voilà pourquoi, dans l’Ancien Testament, les hommes et les femmes offrent une part des récoltes ou du bétail en la mettant sur l’autel, en la brûlant pour l’offrir à Dieu et le remercier : « L’humain offre quelque chose du monde à Dieu [...] Ce qui est impressionnant, c’est le mouvement : voir que je reçois la vie de Dieu et vouloir remercier Dieu », a lancé Mgr Lépine. 

Le sang de l’alliance, Dieu à notre recherche 

Un peu plus tard dans l’histoire, nous retrouvons Abraham : « Dieu lui parle. Et ce qu’Abraham découvre c’est qu’avant même que lui fasse un effort pour chercher Dieu, Dieu est à sa recherche. Et ça, c’est une révolution! Il découvre que Dieu veut faire une alliance, que Dieu s’engage ». L’archevêque poursuit en rappelant cette transformation radicale du rapport au divin : « Dieu est pas là à me regarder en train d’être à sa recherche, non. Dieu est là, venant à ma recherche ». C’est ainsi qu’apparaît « le mot Alliance » et que l’on passe « de la religion à l’Alliance », exprime Mgr Lépine en évoquant aussi l’histoire de Moïse et des commandements.  Dans cette alliance, il y a la notion d’engagement de Dieu envers l’homme et de l’homme envers Dieu.

S’offrir soi-même à Dieu 

En cette Fête-Dieu, l’archevêque a conclu en marquant cette grande transformation qu’a provoquée le passage de Jésus comme fils de Dieu et qui vient dire aux hommes, par sa vie et la croix, qu’il n’y a plus de sacrifice à rendre à Dieu :« Jésus, c’est toujours le don de Dieu, c’est toujours ‘je veux rendre grâce à Dieu en m’offrant à Dieu’. Le sacrifice, ça devient s’offrir, offrir sa vie et c’est dans ce sens-là qu’il n’y a plus de sacrifice ». 

Le Pain de Vie au milieu des gratte-ciels

À la fin de la célébration eucharistique, comme le veut la tradition, le Saint-Sacrement a été exposé puis Mgr Lépine est sorti avec l’ostensoir pour bénir la ville de Montréal depuis le parvis de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde. Même au milieu des gratte-ciels, l’humilité de ce Dieu fait Pain rayonne en signe d’Amour et d’Alliance avec son peuple.