Un peu de chaleur pour les personnes itinérantes de Côte-des-Neiges
Montréal
En cette période froide, les personnes en situation d’itinérance sont particulièrement fragilisées, notamment dans le contexte de la pandémie où les conditions sanitaires restreignent énormément la capacité des refuges. L’équipe de la pastorale sociale de la paroisse Notre-Dame-des-Neiges a les deux mains dans «le cambouis» aux côtés des autres organismes communautaire du quartier, ayant ouvert la Halte-chaleur Côte-des-Neiges au mois de décembre dernier.
La Halte-chaleur Côte-des-Neiges est le fruit d’un projet pilote mené par plusieurs organismes qui se sont rassemblés autour de la Table de concertation de lutte à l’itinérance de Côte-des-Neiges. Diego Saavedra Renaud, agent de pastorale sociale de Côte-des-Neiges et son équipe y ont participé activement.
Malheureusement, le local qui avait été choisi au départ s’est révélé beaucoup trop petit dans le contexte de la pandémie, le projet ne pouvant plus être pris en charge par l’organisme prévu au début. C’est alors que Diego a proposé le sous-sol de l’église Saint-Pascal-Baylon pour que le projet puisse se mettre en place - en 3 semaines - et a offert ces lieux qui sont essentiels aux personnes itinérantes de Côte-des-Neiges : « Le problème c’est que quand la COVID-19 a frappé, tout a fermé. Donc ces gens-là, par exemple pendant la nuit, restaient chez Tim Horton, pis tant qu’il buvait un café et étaient tranquilles, ils étaient relativement bien tolérés par les commerçants, à -25o… ». Mais en contexte de pandémie, les gens n’ont plus d’endroit où aller manger ou se réchauffer, ne serait-ce que pour quelques heures. Heureusement, le projet pilote ayant été concluant l’année dernière, la Halte-chaleur Côte-des-Neiges a pu voir le jour…ou plutôt la nuit !
Il s’agit d’un lieu où les personnes en situation d’itinérance peuvent venir se réchauffer durant la nuit. Elle accueille hommes et femmes, peu importe leur état, à condition que ces derniers soient respectueux et assez calmes pour que tout le monde puisse dormir. Les portes s’ouvrent à 19h45 le soir jusqu’à 5h45 du matin, de décembre à mars. Sur place on leur offre des soupes, des sandwichs et du café. Des matelas de sol sont installés, séparés par des panneaux afin de former de petits cubicules pour ceux qui ont envie de dormir. Les mesures sanitaires limitent leur capacité d’accueil maximale à 30 personnes et la halte « roule à pleine capacité en ce moment ».
Une halte de jour vient tout juste d’ouvrir ses portes dans le même local du lundi au vendredi entre 10h30 et 15h30 : « Le problème c’est que, bon, ils partent à 6h le matin, pis ils reviennent à 19h45. On trouvait que c’était un peu froid et long ». Des intervenants sont présents sur place jour et nuit.
Une itinérance visible et invisible
Le concept de halte-chaleur existe dans plusieurs quartiers de Montréal, avec une forte concentration au Centre-Ville, qui connaît une saturation maximale beaucoup plus rapide actuellement, les places étant très limitées : « C’est un peu le jeu de la patate chaude, c’est-à-dire que les haltes du Centre-Ville sont prises, puis ensuite elles vont envoyer les gens dans des zones encore plus éloignées », à l’aide d’un système de navettes. « Ça fait du monde à la messe ! » lance Diego. Toutefois, dans Côte-des-Neiges, il y a un noyau dur de personnes en situation d’itinérance : « Il y a une itinérance visible, mais il y a aussi une itinérance cachée. C’est des gens qui dorment dans leur char, chez leurs amis, des gens qui vivent dans une chambre, qui sont plusieurs à vivre dans un lit et qui s’alternent pour dormir et prendre des douches. Donc on a une itinérance cachée à Côte-des-Neiges, pis qui est aussi un problème d’instabilité résidentielle. Mais certaines personnes vivent aussi une itinérance chronique », explique Diego. Comme il l’indique, plusieurs arrondissements de la ville de Montréal ont parfois de la difficulté à admettre la présence d’une population sans domicile fixe et donc de prévoir des ressources géographiquement proches pour que les gens affectés puissent manger et passer les nuits glaciales de l’hiver.
Solide solidarité
« Quelque chose qui m’a marqué plutôt positivement, c’est que les gens du quartier ils tiennent à leur lieu, ils sont vraiment heureux que cet espace leur soit ouvert et veulent le maintenir ouvert. Donc ils prennent soin de leur endroit. Quand il y a un trouble-fête, ils vont lui parler. Ils s’assurent eux-mêmes de la propreté du local, de laver la vaisselle, de cuisiner (dans le jour) et vraiment il y avait une belle solidarité qui se créait au sein du groupe. C’est sûr que la nuit, les gens viennent dormir donc il y a moins cette cohésion sociale et la distanciation sociale renforce cela ». Ces gens qui « sont dans une situation très difficile, qui sont chassés, persécutés », sont quand même solidaires, selon Diego.
Ce projet s’inscrivant dans la vie paroissiale, Diego souligne l’importance de tenir informés les paroissiennes et paroissiens, grâce à un travail de sensibilisation, visant une plus grande cohésion communautaire.
Liste des organismes communautaires de Côte-des-Neiges qui s’impliquent au projet des halte-chaleur de jour et de nuit : Prévention CDN-NDG qui porte le projet, Club Ami, Multicaf, la Table jeunesse, Femme du Monde à Côte-des-Neiges et la pastorale sociale de Côte-des-Neiges, avec le soutien de la Paroisse Notre-Dame-des-Neiges (qui comprend aussi l'église Saint-Pascal Baylon).
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