Montréal

Du 18 au 22 août, au cœur du Costa Rica, des voix se sont élevées pour défendre ceux qui n'ont souvent plus de voix.

Des visages derrière les statistiques

À l'École sociale Juan XXIII de La Unión de Cartago, l'atmosphère était particulière. Pas de discours politiques ou de débats stériles, mais des témoignages qui font mal au cœur. Des cardinaux, des évêques, des prêtres et des missionnaires laïcs venus de tout le continent américain se sont rassemblés pour parler de personnes - pas de "flux migratoires" ou de "problèmes frontaliers".

Car derrière chaque déplacement, il y a une histoire. Une mère qui fuit la violence avec ses enfants. Un père qui traverse des frontières dangereuses pour nourrir sa famille restée au pays. Des jeunes qui rêvent d'un avenir que leur terre natale ne peut plus leur offrir.

Quand la peur devient politique

Les participants n'ont pas mâché leurs mots en évoquant les politiques migratoires américaines récentes. "Une vision punitive qui criminalise les migrants", ont-ils dénoncé, pointant du doigt une approche qui transforme la détresse humaine en menace sécuritaire.

Cette "chasse aux migrants" - comme ils l'appellent sans détour - crée des ondes de choc dans toute la région. La peur se propage, l'intolérance grandit, et ce qu'ils nomment une véritable "culture de l'indifférence" s'installe. Comme si fermer les yeux pouvait faire disparaître la souffrance.

Le Canada, nouvelle terre d'espoir

Dans ce contexte tendu, le Canada émerge comme un phare. Après trois ans d'absence, le pays revient à la table des discussions, non pas en observateur, mais en acteur engagé. Pour beaucoup de migrants, le Canada représente désormais ce que l'Amérique incarnait autrefois : la promesse d'une seconde chance.

L'Église en première ligne

Mais cette rencontre va au-delà du constat. Elle pose une question fondamentale : comment répondre concrètement à cette crise humanitaire ?

Les participants puisent leur inspiration dans un document pastoral au titre évocateur : "Il l'a vu, il s'est approché de lui et il s'est occupé de lui." Une référence claire à la parabole du Bon Samaritain, qui résume en quelques mots l'attitude attendue face à la détresse d'autrui.

Un défi pastoral moderne

L'Église fait face à de nouveaux défis. Les flux migratoires changent, s'inversent parfois. Des personnes expulsées retournent dans leur pays d'origine, souvent traumatisées par leur expérience. Comment les accompagner ? Comment adapter les services pastoraux à ces réalités mouvantes ?

"J'étais un étranger..."

Au final, tout se résume peut-être à cette parole du Christ citée en conclusion : "J'étais un étranger et vous m'avez accueilli" (Matthieu 25,35). Pas de théorie compliquée, pas de calculs géopolitiques, mais un appel simple à l'humanité.

Cette rencontre au Costa Rica nous rappelle que derrière les grands enjeux migratoires se cachent des milliers de destins individuels. Et que parfois, il suffit de voir, de s'approcher et de prendre soin pour changer une vie.


L'Église catholique d'Amérique cherche ainsi à construire une réponse unie face aux défis migratoires, loin des polémiques politiques, au plus près des besoins humains.

Conférence de presse en espagnol https://www.facebook.com/share/v/1AUQjVWbAd/

 

Alessandra Santopadre
Adjointe - Office des communautés culturelles et rituelle
Archidiocèse de Montréal

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