Montréal

Voici une lettre ouverte intitulée: «Le spirituel, un nouvel essentiel», écrite par l'archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine.

Alors que l’espoir renaît dans la population, avec l’assouplissement des règles portant sur les rassemblements extérieurs et la réouverture progressive de nombreux secteurs d’activités, il y a encore différentes incertitudes sur les plans personnel, familial, social et religieux.

Avec raison, le gouvernement et la santé publique avancent avec prudence. Cependant, j’attire l’attention sur l’impact de la fermeture des lieux de culte dans la vie de nombreuses personnes et familles.

Les équipes pastorales de l’Archidiocèse de Montréal constatent quotidiennement le besoin de nombreuses personnes, croyantes ou non, en recherche d’un soutien spirituel. Ces personnes nous font part de leur perte de repères, sans l’accès à leur environnement social, religieux ou communautaire habituel.

Des personnes, en quête de sens, de paix et de force d’âme, sont dans l’attente de pouvoir entrer dans l’espace de silence qu’offre une église, ou expriment un besoin d’accompagnement qui trouve un début de réponse dans les différents médias sociaux ou services en ligne, sans que cela puisse remplacer le contact direct avec la communauté croyante.

D’autres, frappées par le deuil, sont dans l’attente d’un événement religieux à l’intérieur de leur foi, si sobre soit-il, qui puisse leur procurer en même temps que la prière, un baume sur leur douleur. La perte prochaine ou le décès d’un être cher, quel qu’en soit le moment, est toujours une source d’affliction. En ce temps de pandémie, elle est d’autant plus grande qu’elle s’accompagne de la grande difficulté d’être au chevet de la personne malade que nous aimons et qui est en fin de vie. S’ajoutent à cela les restrictions dans la possibilité de vivre le deuil.

D’autres encore, tournées vers un projet de mariage, ce moment si marquant de la vie qui embellit et transforme l’existence, se sont vues suspendues dans leur élan d’amour. Elles ont trouvé des solutions de report de la célébration et de la fête, mais elles n’en traversent pas moins une épreuve qui les bouscule.

Nous comprenons et partageons le souci de protéger la santé publique. Nous renouvelons notre estime du rôle crucial des gouvernements en ce temps d’urgence sanitaire. Nous voulons, d’une part, attirer l’attention sur la peine des personnes en quête de sens, en situation de deuil ou sur le chemin du mariage. Elles ont besoin de notre compassion.

Nous voulons, d’autre part, sensibiliser à la reconnaissance de l’importance de la dimension spirituelle, qui fait partie intégrante de la personne. N’en sous-estimons pas l’importance comme source de paix intérieure et de force d’âme pour traverser avec calme et courage les épreuves occasionnées tant par cette pandémie que par d’autres adversités.

Nous souhaitons sincèrement qu’à travers l’expérience de la pandémie, nous ayons davantage pris conscience de la place essentielle du spirituel. Nous voulons considérer toutes les dimensions de chaque personne et la réciprocité du corps, du cœur et de l’âme.

Nous recevons de nombreuses demandes sur les dates d’ouverture des portes des églises. Nous assurons toutes les personnes intéressées que nous y avons travaillé, dans une perspective inter-religieuse en même temps que spécifique, pour mettre en place les protocoles et consignes qui s’imposent. Nous serons prêts!
 

+Christian Lépine

Archevêque de Montréal