Dernière d’une famille de dix enfants, Eulalie Durocher est née à Saint-Antoine-sur-Richelieu, le 6 octobre 1811. À l’âge requis, elle fréquente le pensionnat de Saint-Denis-sur-Richelieu, tenu par les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame. Mais des problèmes de santé l’empêchent de poursuivre ses études et son rêve discret de vie religieuse s’en trouve compromis.
À 20 ans, elle devient gouvernante au presbytère de Beloeil où son frère Théophile est curé. Elle sera l’hôtesse des lieux pendant 12 ans, jusqu’en 1843. Elle accueille les prêtres en repos, s’engage dans la paroisse, visite les démunis, soutient les familles en difficulté, enseigne le catéchisme aux enfants et organise les célébrations liturgiques, comme une agente de pastorale avant la lettre. Ce séjour à Beloeil lui ouvre cependant les yeux sur la pauvreté de l’instruction religieuse et le manque d’écoles, en particulier, pour les filles des campagnes.
Un vaste projet d’éducation
Répondant à l’appel de Dieu par la voix de son évêque, Mgr Ignace Bourget de Montréal, elle se rend fonder à Longueuil une nouvelle communauté religieuse enseignante avec deux compagnes. La communauté s'appelle les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie.
S’initier à la vie religieuse et instaurer un nouveau projet d’éducation dans les paroisses suscitent de nombreux défis. Les pionnières font face à des oppositions, des critiques, des incompréhensions. Mais leur amour des jeunes, une foi profonde et un sens de la justice leur donnent force et courage pour mener à bien la fondation de la communauté.
Il faut recruter des candidates à la vie religieuse qui iront ensuite implanter des écoles dans les campagnes. Sous le nom de Mère Marie-Rose, Eulalie recrute des femmes de talent et voit à leur assurer une bonne préparation pédagogique avec la collaboration des Frères des écoles chrétiennes.
Les Oblats de Marie-Immaculée apportent également leur concours pour les aider à favoriser le développement des dons de chaque personne. Du vivant de la fondatrice, les couvents de Longueuil, Beloeil, Saint-Lin et Saint-Timothée verront le jour.
Spiritualité et mission
La spiritualité de la nouvelle communauté s’inspire de la devise des Oblats : évangéliser les pauvres. La fidélité à l’Évangile, soutenue par la méthode d’oraison de saint Ignace de Loyola et la dévotion au Saint-Sacrement, découle de l’héritage spirituel laissé par Mère Marie-Rose qui avait pour devise : « Jésus et Marie, ma force et ma gloire ». Elle décède le 6 octobre 1849, jour de son anniversaire. Elle avait 38 ans.
Les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie poursuivent encore aujourd’hui cette œuvre indispensable d’éducation en ne perdant pas de vue d’abord les personnes démunies. Plusieurs services nouveaux se sont développés dans les domaines de la pastorale en paroisse, l’éducation à la foi, l’accompagnement des personnes, l’accueil des diverses cultures, les soins de santé et les services communautaires. Elles s’engagent également pour la justice et la paix en collaborant à divers organismes dont Développement et Paix.
Mère Marie-Rose a été béatifiée par le pape Jean-Paul II, le 23 mai 1982. L’Église l’a reconnue comme une femme apostolique, annonciatrice des temps nouveaux.
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