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En novembre 2022, Caritas Bangladesh a invité Développement et Paix et d’autres membres de Caritas Internationalis à une réunion des partenaires internationaux pour l’aider à revoir son programme d’intervention d’urgence auprès des réfugié.e.s rohingyas. Les personnes déléguées ont visité les camps de Cox’s Bazar qui abritent la plus grande population de réfugié.e.s au monde. Les histoires de l’Avent de cette année ont été recueillies dans et autour de ces camps.

Caritas Canada - par Minaz Kerawala, Conseiller en communications et relations publiques

 

« Choisissez, dans chacune de vos tribus, des hommes sages, intelligents et expérimentés, et j’en ferai vos chefs. » ―Deutéronome 1,13

 

Salim Ulllah n’était pas riche mais avait une vie confortable. « J’avais un magasin, je travaillais comme électricien et je faisais un peu de pêche aussi », se souvient cet homme de 35 ans avec une touche de fierté. Mais tout cela existait en Birmanie (Myanmar), dans un passé qui semble bien lointain.

En 2107, M. Ullah, comme des centaines de milliers de Rohingyas, a été contraint de quitter sa patrie. Ils fuyaient les persécutions de l’armée birmane, que le Canada a depuis reconnu comme un génocide.

« Je devais m’occuper de mes parents âgés, de mes quatre jeunes filles et de ma femme. Chaque fois que nous atteignions ce que nous pensions être un endroit sûr, l’armée attaquait, et nous devions fuir à nouveau », a déclaré M. Ullah. Puis ils ont atteint la mer, et il n’y avait plus aucun endroit où fuir. « J’ai donné mes dernières économies à un batelier qui m’a amené au Bangladesh. »

Alors que M. Ullah raconte son pénible voyage, Mohammed Shahidul Islam hoche la tête avec tristesse et connaissance. En tant que responsable du programme d’abris de Caritas Bangladesh, il a souvent entendu de telles histoires. « Presque tous les Rohingyas que je connais sont arrivés comme ça, sans rien, » dit-il.

Entrés dans le pays par des routes similaires à celle de M. Ullah, près d’un million de Rohingyas vivent aujourd’hui dans des camps de réfugié.e.s au Bangladesh.

  • « Presque tous les Rohingyas que je connais sont arrivés comme ça, sans rien, » dit M. Islam.
  • Développement et Paix ― Caritas Canada soutient depuis le début la réponse de Caritas Bangladesh à la crise des Rohingyas.
  • « Depuis que Caritas Bangladesh a commencé les travaux de réfection des abris et des sites, les choses se sont beaucoup améliorées. Nous avons maintenant les meilleurs abris et le quartier le plus propre. »

Une réponse robuste

Grâce à un financement régulier d’Affaires mondiales Canada et à la générosité sans faille de Canadiennes et de Canadiens ordinaires, Développement et Paix ― Caritas Canada soutient depuis le début la réponse de Caritas Bangladesh à la crise des Rohingyas.

Soutenu par Développement et Paix et d’autres agences de Caritas Internationalis, le programme d’intervention d’urgence de Caritas Bangladesh, qui en est à sa sixième année, fournit des services d’hébergement, d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène, de protection, d’éducation, de réduction des risques de catastrophe et de subsistance dans neuf camps de réfugié.e.s et aux communautés d’accueil dans quatre upazilas (sous-districts). Ses installations comprennent cinq centres polyvalents pour femmes et filles, 11 centres polyvalents pour enfants et adolescent.e.s, trois centres communautaires polyvalents, trois centres d’apprentissage, deux stations d’approvisionnement en eau, un réservoir d’eau et six entrepôts.

Une opération aussi vaste et complexe nécessite l’adhésion de la communauté, mais, comme Caritas Bangladesh l’a rapporté par le passé, les réfugié.e.s n’étaient pas très confiants au départ.

Le Majhi à la rescousse

Très vite, les autorités bangladaises ont compris qu’elles auraient besoin d’alliés au sein de la communauté des personnes réfugiées. Elles ont tiré les leçons d’un précédent afflux de réfugié.e.s rohingyas, moins important, au début des années 1990. À l’époque, les leaders communautaires, connus sous le nom honorifique de Majhi, avaient servi d’importants ponts de communication.

Pour faciliter la gestion des camps, les autorités les ont divisés en blocs, chacun d’entre eux devant avoir son propre Majhi. Et c’est ainsi que M. Ullah est entré en scène.

Le Majhi du bloc de M. Ullah a déménagé dans une autre section du camp, laissant son poste vacant. « Les 91 familles de mon bloc m’ont choisi comme leur Majhi », déclare M. Ullah. « C’était un grand honneur pour moi. »

« Je transmets à mon peuple les informations importantes provenant du responsable du camp et des organisations d’aide », explique M. Ullah. Il transmet également des informations dans l’autre sens. « Si les gens ont un problème, ils viennent me le confier, et je le transmets aux autorités. Tout ce dont ils ont besoin ― nourriture, abri, soins de santé ― je m’assure qu’ils l’obtiennent. Je sais où les gens doivent aller pour que leurs problèmes soient résolus. »

En plus d’être un communicateur et un responsable des ressources, M. Ullah est un gardien de la paix. « Si je remarque qu’un problème se prépare, je rassemble les gens pour en parler », dit-il. Pour aider à résoudre les conflits domestiques, il fait appel à des aînés respectés. « Lorsque des enfants ou des jeunes ont un problème, je les oriente vers les conseillers des centres pour les enfants et les adolescent.e.s. »

Une approche efficace

Au début, le système des Majhi a été critiqué. Certains les considéraient comme des intermédiaires inutiles qui accumulaient du pouvoir et empêchaient la communication directe avec les réfugié.e.s. Mais M. Islam estime que les Majhis comme M. Ullah ont prouvé leur valeur.

M. Ullah, à son tour, est reconnaissant de la différence que Caritas Bangladesh a faite. « Auparavant, les conditions étaient très mauvaises. Les abris étaient délabrés et les sentiers étaient boueux, » se souvient-il. « Mais depuis que Caritas Bangladesh a commencé les travaux de réfection des abris et des sites, les choses se sont beaucoup améliorées. »
Des Majhis comme M. Ullah ont aidé Caritas Bangladesh à atteindre les réfugié.e.s et à comprendre leurs besoins. En conséquence, les consignes de construction des abris sont respectées, les systèmes de drainage sont correctement dessablés, et les escaliers et les ponts sont bien construits et entretenus. M. Ullah déclare : « Nous avons maintenant les meilleurs abris et le quartier le plus propre. Nous ne redoutons plus les moussons. »

M. Ullah affirme que le fait de voir ces améliorations et de contribuer à leur réalisation renforce sa confiance en lui-même et en son peuple.

Jusqu’à leur retour

« J’aimerais retourner dans ma patrie », confie M. Ullah en clignant des yeux pour retenir ses larmes.

Tout le monde s’accorde à dire que le retour sûr et volontaire des réfugié.e.s est l’objectif le plus souhaitable à long terme. Mais, comme l’a dit M. Ullah avec mélancolie, « il n’y a toujours pas de paix là-bas. »

« Pour l’instant, ils doivent vivre ici, et nous devons les soutenir », déclare M. Islam sans détour.

M. Ullah apprécie ce soutien. « Shukriya au peuple canadien », dit-il en toute gratitude. « Si le Canada et d’autres pays travaillent avec les Nations Unies pour ramener la paix au Myanmar, Inch’Allah, j’y retournerai. »

Dans de nombreux endroits troublés du monde, votre solidarité aide les partenaires de Développement et Paix à améliorer un peu la vie de personnes comme Salim Ullah en attendant qu’elles puissent retourner dans leur pays.

En cette saison de bénédiction, pensez à faire un don pour que nos partenaires puissent redonner de l’honneur et du courage aux personnes déplacées et dépossédées.

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