Marie de l'Incarnation (dans le siècle Marie Guyart), quatrième enfant de Jeanne Michelet et du boulanger Florent Guyart, naît à Tours, en France, le 28 octobre 1599.
Dès l'âge de sept ans, elle voit, dans un songe, Jésus qui vient vers elle et lui demande :
« Voulez-vous être à moi? » Avec toute sa spontanéité d'enfant, elle répond « OUI! ». Un « Oui » libre et ardent qui ne s'est jamais démenti.
À
dix-sept ans, ses parents, selon la coutume du temps, la donnent en
mariage à Claude Martin, marchand en soieries. Son mari meurt deux ans
plus tard la laissant avec le soin d'un enfant de six mois, le petit
Claude (qui deviendra plus tard prêtre bénédictin), et tous les embarras
d'un commerce en faillite. Avec courage, elle fait face à cette
nouvelle situation.
En
1621, elle avait accepté de travailler au commerce de son beau-frère
qui gérait une entreprise importante de transport. On voit Marie, dans
les rues de Tours, en train de négocier, de s'occuper des employés ou de
prendre soin de soixante chevaux. Parfois, il est minuit et elle est
encore sur les quais à faire charger et décharger la marchandise.
En
1627, lors d'une expérience profonde de la Trinité, Jésus la prend pour
son épouse et l'unit à lui de façon inexprimable. Elle vit ces
expériences au milieu d'une vie très occupée.
En 1631, à la suite des appels répétés du Seigneur, elle entre chez les Ursulines, à Tours, où elle prend le nom de Marie de l'Incarnation. Là, Dieu continue à la préparer à la vocation missionnaire qu'il a choisie pour elle.
En 1634, dans un nouveau songe, elle voit « un lieu très difficile
», qu'elle reconnaîtra à son arrivée à Québec, et perçoit que la Vierge
Marie et son fils Jésus semblent l'appeler à une mission qu'elle ne
connaît pas encore.
Elle
entre en contact avec quelques Jésuites, missionnaires de la
Nouvelle-France. Finalement, le 25 janvier 1639, elle quitte son
monastère de Tours, en route pour Québec. Elle est accompagnée de madame
de la Peltrie, une veuve qui est prête à la suivre et à l'aider
financièrement dans son projet de fonder une école pour les jeunes
filles amérindiennes et françaises.
De
1639 à 1672, elle vit dans son monastère à Québec, au cœur de la
nouvelle Église canadienne. Pour se protéger du froid, les sœurs dorment
dans des coffres, sortes de cercueils doublés de serge.
L'activité
qu'elle déploie au service de la Mission est tout simplement
prodigieuse. En plus d'accueillir les jeunes filles pour leur enseigner
les fondements de la religion chrétienne, elle reçoit au parloir un
grand nombre de visiteurs amérindiens et français.
En
outre, elle se met à l'étude des langues du pays et compose des
dictionnaires, des catéchismes et des histoires saintes dans au moins
trois langues amérindiennes.
C'est
à elle que revient tout le soin du matériel : la construction du
monastère et la reconstruction après l'incendie de 1650, le souci
d'assurer la nourriture et les vêtements pour les religieuses et les
jeunes pensionnaires.
Le soir à la chandelle, elle écrit des milliers de lettres à son fils, à ses amis et aux bienfaiteurs de France.
En 1654, elle répond aux demandes insistantes de son fils Claude, devenu bénédictin, en lui envoyant la Relation de sa vie.
Au dire de Bossuet, Marie de l'Incarnation est la « Thérèse du nouveau monde et de son temps ». Elle est appelée, à juste titre « mère de l'Église canadienne ». Elle meurt à Québec le 30 avril 1672.
Par le décret d'héroïcité des vertus, promulgué le 19 juillet 1911, Saint Pie X (Giuseppe Melchiorre Sarto, 1903-1914) justifia et confirma la réputation de sainteté dont elle jouissait déjà à sa mort.
Marie de l'Incarnation a été béatifiée le 22 juin 1980, à Rome, par saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Canonisée par le Pape François le 03 avril 2014 (canonisation équipollente). La
canonisation équipollente signifie que le Pape étend d'autorité à toute
l'Église le culte, à travers l'inscription de sa fête, avec messe et
office, dans le Calendrier de l'Église universelle.