Général

Notre époque traverse une profonde crise de dialogue et de confiance. Les débats publics, qu’ils soient politiques, sociaux ou culturels, tournent souvent à l’affrontement, chacun défendant sa position comme une forteresse imprenable. Les réseaux sociaux, au lieu de rapprocher, accentuent parfois les tensions en offrant des espaces où l’on juge, condamne et ridiculise sans même chercher à comprendre. Cette polarisation se répercute jusque dans nos familles, nos lieux de travail, nos communautés et peut s’enflammer, comme les événements récents nous le rappellent, jusqu’à la violence et la mort.

Dans ce climat, nous avons l’impression que rien ne peut réellement apaiser les divisions. Pourtant, les chrétiens savent qu’un chemin existe : celui de l’Esprit Saint. Depuis la Pentecôte, cet Esprit consolateur est donné pour unir ce que les hommes séparent, abattre les barrières de langues, de cultures et d’opinions, et ouvrir des voies de réconciliation là où tout semble fermé.

L’Esprit Saint est d’abord un Esprit de vérité. Dans un monde saturé de demi-mensonges, de manipulations et de discours partisans, Il rappelle que la vérité n’appartient à aucun camp. Elle est lumière qui éclaire tous les visages, même ceux de nos adversaires. Accueillir l’Esprit Saint, c’est donc consentir à un regard honnête sur la réalité, à une recherche humble qui dépasse les slogans et les certitudes faciles.

Il est aussi un Esprit de paix. Là où les passions s’enflamment, où les rancunes s’accumulent et où les blessures de l’histoire ferment les cœurs, Il vient apaiser, consoler et désarmer. La paix qu’il donne n’est pas une absence de conflit, mais une force intérieure qui permet d’écouter sans se refermer, de pardonner sans effacer la mémoire, de chercher la justice sans se laisser entraîner par la haine.

Enfin, l’Esprit Saint est un Esprit de communion. Nous avons tendance à nous définir par nos appartenances et à exclure ceux qui n’y correspondent pas. Mais Lui révèle que nous sommes tous enfants d’un même Père, et donc appelés à nous reconnaître frères et sœurs. Là où l’individualisme isole, Il rassemble. Là où l’orgueil divise, Il ouvre à l’humilité et à la solidarité.

Concrètement, notre société a besoin d’hommes et de femmes habités par ce souffle divin. Des responsables politiques qui agissent non pas seulement pour gagner des voix, mais pour servir le bien commun. Des éducateurs capables de transmettre, au-delà des connaissances, un sens de la dignité et de la responsabilité. Des familles qui choisissent la réconciliation plutôt que l’orgueil blessé. Des jeunes qui osent croire qu’une autre manière de vivre ensemble est possible.

Sans l’Esprit Saint, nous restons prisonniers de nos logiques de pouvoir et de domination. Avec Lui, nous découvrons la liberté de nous ouvrir à l’autre, même différent, même opposé à nous. Sans Lui, nous construisons des murs qui nous enferment dans la méfiance. Avec Lui, nous devenons des bâtisseurs de ponts, capables de relier les rives les plus éloignées.

Notre société ne manque pas de projets, de discours ni de moyens techniques. Ce qui lui manque, c’est un souffle, une âme, une source vive qui renouvelle les relations humaines. C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, il est urgent d’invoquer l’Esprit Saint, de L’accueillir dans nos vies personnelles et dans la vie publique.

Car ce n’est qu’en laissant l’Esprit Saint nous transformer que nous pourrons transformer notre monde. Lui seul peut rendre possible ce qui nous semble impossible : dépasser la logique de la confrontation, guérir les blessures de la division et faire naître une véritable fraternité.

 

Marc-André Renaud-Palardy, séminariste
Grand Séminaire de l’Archidiocèse de Montréal