Montréal

À l’appel du pape François, avait lieu le 29 septembre dernier la Journée mondiale du migrant et du réfugié. C’est sous le thème « Il ne s’agit pas seulement de migrants » que l’Église universelle était invitée, en ce jour, à prendre conscience des différents enjeux entourant les réalités que vivent les migrants et réfugiés à travers le monde.

C’est au sous-sol de l’église Notre-Dame des Hongrois que le diocèse de Montréal proposait une rencontre dynamique de quelques heures pour comprendre la réalité des migrants et des réfugiés de Montréal et d’ailleurs au Québec et dans le monde. Il s’agissait de la sixième édition de cet événement.

Loin d’être statique, la rencontre a permis de nombreuses prises de conscience par des vidéos, de la musique, des tables de réflexions, des partages sur la lettre du pape, ainsi que sur des actions concrètes à prendre, et même un jeu-questionnaire pour tester ses connaissances sur la migration au Québec! De quoi démystifier et déconstruire les mythes entourant ces réalités.

Autour des tables, une grande richesse de cultures et d’expériences permettait de nourrir échanges et réflexions. Pour Alessandra Santopadre, qui veille à l’accueil des réfugiés et des demandeurs d’asile pour le diocèse de Montréal, ce genre d’événement est essentiel : « Ce n’est pas facile, aujourd’hui, d’aborder le thème de la migration parce qu’on a toujours peur de l’autre, du migrant, de ce qui est différent. Alors […], il faut toujours continuer à sensibiliser sur ces enjeux-là, parce qu’on doit commencer à vivre ensemble. » Alessandra fait partie de l’équipe responsable du projet « Le Pont », centre d’accueil pour migrants et réfugiés du diocèse de Montréal. 

Précieux témoignages 

Régina, demandeuse d’asile du Congo, vit à Montréal depuis deux ans. Maintenant, elle « peut témoigner sans peur, contrairement aux 18 premiers mois ». Elle craignait de se « retrouver incarcérée, de perdre tous ses amis, sa communauté, sa famille et son travail, bref toute une vie bâtie sur plus de 50 ans. » Sa peur de l’individualisme et du contraste culturel la poussait à l’isolement jusqu’à ce qu’elle ose demander : « c’est cet encadrement et ce soutien, ici au Pont, qui m’ont aidée à braver ma peur. » Le témoignage de Régina – tout comme ceux de Claudia, migrante économique d’Argentine, et de Maria, bénévole d’origine polonaise travaillant à la paroisse Sainte-Monica auprès de familles immigrantes – a été précieux à cette occasion.

Il ne s’agit pas seulement de migrants, il s’agit de…

Il s’agit de nos peurs, de charité, de notre humanité, de n’exclure personne, de mettre les derniers en premier, de toute la personne, de tout le monde, et finalement de construire la cité de Dieu et de l’homme. Tels étaient les mots du pape François en cette Journée mondiale du migrant et du réfugié. « Tout est lié », a dit Mgr Alain Faubert, citant Laudato Si’. « L’enjeu, c’est-à-dire […] ce qui est à gagner ou à perdre dans ce que nous faisons […] c’est notre commune humanité […]. Parce que je crois que ce qui est à gagner ou à perdre, c’est déjà gagné dans le cœur de Dieu, c’est son projet à Lui. » Celui-ci a exprimé sa joie de vivre à une époque où l’Église et l’humanité vivent « la Pentecôte, le miracle de la rencontre, le miracle de la réconciliation. »

Une saine indignation 

« Il me vient au cœur de cultiver une saine indignation », a lancé Mgr Faubert. Comme l’a aussi indiqué Alessandra Santopadre, le monde a soif de gens qui « ne cherchent pas seulement les mauvaises nouvelles, et […] qui ne s’arrêtent pas à la peur de l’autre, mais [qui] essayent d’aller plus loin dans l’action concrète. ».