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Dans une déclaration commune publiée à l’approche de la Rencontre organisée au Vatican sur la protection des mineurs, l’Union Internationale des Supérieures Générales (UISG) et l’Union des Supérieurs Généraux (USG) appellent à un engagement ferme contre le fléau des abus sexuels.

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« Dans notre activité, en tant que religieux, nous rencontrons beaucoup de situations où les enfants sont abusés, oubliés, maltraités, non désirés, expliquent les mouvements regroupant les religieuses et les religieux catholiques. Nous sommes confrontés à l’existence des enfants soldats ; à la traite des mineurs ; à l’abus sexuel de mineurs ; à l’abus physique et émotionnel des mineurs. Ils nous appellent à l’aide. En tant qu’adultes, chrétiens et religieux, nous voulons nous engager afin que leurs vies puissent changer et que les situations où ils grandissent puissent s’améliorer. »

La déclaration commence par un mea culpa, rédigé avec gravité : « Nous baissons la tête à cause de la honte quand nous réalisons que de tels abus ont eu lieu à l’intérieur de nos Congrégations, de nos Ordres et dans l’Église. Nous avons appris que ceux et celles qui abusent, cachent leurs actions délibérément et sont des manipulateurs et manipulatrices. (…) Quand nous regardons les Provinces et les Régions de nos Ordres et de nos Congrégations dans le monde entier, nous reconnaissons que la réponse de ceux et celles qui ont un rôle d’autorité n’a pas été celle qui aurait dû être. Ils n’ont pas reconnu les signaux d’alarme ou ils ne les ont pas pris sérieusement en considération. »

La nécessité d’un changement en profondeur

La Rencontre organisée cette semaine au Vatican leur donne toutefois l’espoir d’une transformation en profondeur des attitudes dans l’Église catholique, partout dans le monde: « On peut envisager de nouveaux pas en avant et des prises de décision dont la mise en œuvre peut avoir lieu de manière rapide et universelle dans le juste respect des diverses cultures. L’abus des enfants est un mal partout et en tout temps : ce point n’est pas négociable», rappellent-ils, en s’inscrivant dans la continuité des efforts assumés par le Pape François : «Il a montré la voie à suivre dans beaucoup de ces domaines ; il a reconnu la douleur et la faute ; il a rencontré les survivants ; il a reconnu ses propres erreurs et le besoin d’apprendre des survivants. Nous nous unissons à Lui dans sa mission de reconnaître humblement et de confesser les erreurs faites ; afin de soutenir les survivants ; d’apprendre d’eux la manière d’accompagner celles et ceux qui ont été abusés et comment ils désirent que nous écoutions leurs histoires. »

La «culture de la protection» doit être mieux promue, notamment dans les écoles, en impliquant les parents, et dans les hôpitaux administrés par des congrégations religieuses. La formation et la sélection des religieux doivent mieux intégrer la prévention des abus. L’autre défi est spirituel, notamment dans l’accompagnement des personnes abusées : « Trouver Jésus de manière personnelle est quelque chose qui peut nous guérir tous. Mais nous comprenons aussi que celles et ceux qui ont été abusés par des prêtres ou religieux pourraient désirer rester loin de l’Église et de ceux qui représentent l’Église. Nous savons qu’il y a des survivants qui veulent entreprendre ce parcours de guérison et nous chercherons humblement à cheminer avec eux », expliquent-ils.

Les ravages du cléricalisme

Ils reconnaissent les ravages provoqués par un système clérical qui a encouragé «une loyauté mal placée, des erreurs de jugement, une lenteur dans l’action, un déni et, parfois, une dissimulation. Nous avons encore besoin de conversion et nous voulons changer. Nous voulons agir avec humilité. Nous voulons voir nos aveuglements. Nous voulons nommer tous les abus de pouvoir. Nous nous engageons à entreprendre un parcours avec celles et ceux que nous servons, en avançant avec transparence et confiance, honnêteté et sincère repentir.»

Tout en expliquant que la Rencontre de cette semaine porte sur la protection des mineurs, les responsables religieux rappellent que « la récente attention des media s’est centrée sur les abus et l’exploitation des sœurs, des séminaristes et des candidats dans les maisons de formation. C’est un lieu de préoccupations graves et choquantes. Nous nous engageons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour trouver une réponse effective. Nous voulons que celles et ceux qui, avec générosité, demandent à rejoindre des Ordres religieux ou qui sont formés dans des séminaires, vivent dans des lieux sûrs où leur vocation est nourrie et où leur désir d’aimer Dieu et les autres trouve de l’aide pour grandir en maturité », soulignent-ils.

Collaborer avec le Pape pour une réponse cohérente

Dans ce contexte de grands bouleversements et de libération de la parole, les religieuses et religieux s’engagent à collaborer pleinement avec le Saint-Père « afin que l’Église puisse aller de l’avant d’une manière cohérente, crédible et unifiée, d’une manière susceptible de vraiment guérir, de vraiment se renouveler, avec de nouveaux yeux pour voir et de nouvelles oreilles pour entendre ».

Dix religieuses représentant l'UISG et 12 religieux représentant l'USG participeront à la Rencontre sur la protection des mineurs, du jeudi 21 au dimanche 24 février, aux côtés du Pape, des responsables de conférences épiscopales et des chefs de dicastère de la Curie romaine.