Montréal

LeVerbe - Par Brigitte Bédard 

Produit pour coïncider avec le 25e anniversaire de sa mort, le film Mère Teresa : pas de plus grand amour honore certes la vie et l’œuvre de la sainte, mais il fait au bout du compte bien davantage. Avec des images imprenables, des témoignages poignants et des documents d’archives inusités, le documentaire révèle, avec art, l’impact phénoménal de cette femme dans notre monde.

En 1948, à Calcutta, sœur Mary Teresa, membre des Sœurs de Lorette, « reçoit un appel dans l’appel ». Elle quitte son couvent pour enseigner aux enfants des rues et, en 1950, fonde les Missionnaires de la Charité (MC) avec quelques sœurs.

Naîtra la première maison, vrai « tabernacle » pour les pauvres, les démunis, les malades et les rejetés. Aujourd’hui, on en compte 764 sur tous les continents.
Tour du monde

On visite le camp de Boa Vista, à Roraima au Brésil, où les sœurs accueillent, nourrissent et soignent les réfugiés vénézuéliens, dont la plupart sont des mères avec leurs enfants.

À Rio de Janeiro, c’est le crackland : de véritables loques humaines, ravagées par la drogue, sans abris, errent dans les rues, en manque, et sont pourtant accueillies et nourris par les sœurs. Les images sont dures.

Mere Teresa 2-Kights of Columbus
   Photo: Knight of Columbus

Tentent-elles de les convertir ? De faire un peu de morale ? Non. Un homme, simple laïc, touché par le dévouement des MC et qui a décidé de se joindre à elles, déclare en toute simplicité : « J’ai appris à ne pas juger. Juste donner la nourriture, en disant “Dieu t’aime!” C’est tout. »

Comment travailler dans de telles circonstances sans se décourager, et surtout, toujours avec un sourire tendre ? « Mère Teresa disait qu’il fallait prier et adorer davantage », raconte une des sœurs.

« Elle disait que, si on ne se prosterne pas devant le Seigneur, on devient des travailleurs sociaux ». Le pauvre, pour Mère Teresa, c’est une hostie vivante. Rien de moins. Et les sœurs doivent se prosterner devant ces hosties vivantes. « Quand on a prié et adoré pendant des heures, disait-elle encore, on touche le corps de Jésus dans le pauvre ».

 

    « Si on ne se prosterne pas devant le Seigneur, on devient des travailleurs sociaux. Quand on a prié et adoré pendant des heures, on touche le corps de Jésus dans le pauvre. »

 

Le documentaire est parsemé d’anecdotes savoureuses, comme celle du journaliste britannique Malcom Muggeridge qui, un bon matin, se pointe au mouroir de Kalighat à Calcutta pour interviewer Mère Teresa; il désire tourner un documentaire. Elle refuse. Elle n’aime pas la publicité. Muggeridge va jusqu’au Vatican et obtient gain de cause. Le Saint-Siège, par le biais de l’évêque du lieu, lui ordonne d’accepter. Elle obéit. Le documentaire, Something Beautiful for God paraitra en 1969 à la BBC, puis le livre en 1971… Viendra le prix Nobel de la paix en 1979. 

Un amour radical

À travers plusieurs témoignages, soit de ses filles spirituelles, de bénévoles, de prêtres, ou de personnes qui ont eu l’occasion de la croiser, ne serait-ce qu’un instant, on comprend que chacun, devant elle, avait l’impression d’être seul au monde. Mère Teresa n’avait d’yeux que pour eux.

Le plus bouleversant de ces témoignages est certainement celui d’une ancienne addict du crack qui avait rencontré Mère Teresa alors qu’elle était en visite à la Maison Jelaniqui de San Francisco.

Comme toutes les filles-mères de cet endroit, elle était hébergée afin de donner naissance à son bébé, lequel allait devoir subir un sevrage. « Mère Teresa était là, toute petite devant nous, raconte-t-elle. Elle m’a dit que ma vie était devant moi. Que je pouvais tout faire ce que je voulais, grâce à Dieu. » Trente ans plus tard, cette femme nous montre la photographie de sa fille, radieuse, mariée et mère de famille à son tour.

 

 

Ou encore, l’histoire de Jim Wahlberg, frère de l’acteur Mark Wahlberg, qui a rencontré Mère Teresa alors qu’il était détenu. « Elle nous a dit que nous étions des enfants de Dieu, et que Jésus Christ était mort pour nous et que, grâce à cela, nous étions bien plus que les numéros qu’on avait reçus en entrant dans cette prison, que nous étions plus que les crimes que nous avions commis. Dieu nous aimait, a-t-elle dit. » La vie de Jim allait prendre un tout autre chemin, dès lors.

On apprend avec étonnement que Jean-Paul II, avec qui elle avait développé un lien d’amitié, lui avait demandé au début des années 80 de s’occuper des malades du SIDA, maladie qui faisait rage, mais qui, surtout, stigmatisait les personnes qui en souffraient. La veille de Noël 1985, une maison ouvrait ses portes dans Harlem, au grand dam des autorités locales.

Le spectateur, croyant ou non, ne peut qu’être ému — aux larmes pour certains — par la radicalité de l’amour de Mère Teresa, et de toutes ces sœurs qui ont décidé de la suivre. On est impressionné par l’impact, réel, tangible, de ce dévouement, sans mesure, pour les pauvres de notre monde. On peut être retourné à un tel point que, irrésistiblement, il peut nous prendre l’envie, tout comme Mère Teresa, d’être tout simplement saint.

Le film Mère Teresa : Pas de plus grand amour est en salle au Québec depuis le 27 janvier 2023 dans tous les cinémas Guzzo. Pour tous les détails et les horaires : https://www.cinoche.com/films/mother-teresa-no-greater-love