Montréal

Le 18 janvier dernier, Antennes de paix fêtait ses 15 ans! Une quarantaine de personnes étaient réunies dans la salle paroissiale de Saint-Paul-de-la-Croix, dans le quartier Ahuntsic. Au fil de ces années, que de bienfaits répandus! Action préventive sur les conflits, renforcement du tissu social, promotion de l’harmonie sociale, éveil et croissance de vocations d’artisans et d’artisanes de paix. Oui, grâce à Antennes de paix, Montréal est un meilleur endroit où vivre ensemble. N’est-il pas juste de louer l’Auteur de la paix et de remercier les personnes qui ont travaillé à ces quinze années de réalisations pour la paix?

En images, en chant, en poésie, en musique et en danse, l’histoire de cet organisme a été racontée et ses valeurs, célébrées. Les Antennes de paix rassemblent des personnes solidaires, sensibles aux défis sociaux et environnementaux résolues à enraciner le vivre ensemble dans le respect mutuel, la tolérance, la justice et la paix entre les peuples. 

En 2007, en pleine décennie internationale pour une culture de la paix, Antennes de paix est née. Ses activités citoyennes sont centrées sur le dialogue et la réconciliation : un artisanat patient et concret, relié à celui de Pax Christi international. Les Antennes de paix accordent autant d’importance à développer des habiletés en matière de communication qu’à analyser la conjoncture internationale et à en déduire des actions à poser.

Dans la tradition du travail social portée par l’Institut du Bon Conseil, Antennes de paix ne s’est pas contentée de travailler seule : elle a participé à plusieurs réseaux, notamment au collectif du 21 septembre organisant chaque année la célébration de la Journée internationale de la paix. Elle a contribué à l’organisation du festival de la paix à Côte-des-Neiges en 2009 et à des rassemblements lors de crises en Haïti et en Afghanistan. Elle a pris l’initiative d’organiser des Semaines de la Paix pour la République démocratique du Congo et la Colombie, libérant la parole et ouvrant des pistes d’action. Plusieurs organismes alliés étaient représentés à la fête : Initiatives et changement, les Artistes pour la paix, la pastorale sociale.

En prévision du 60e anniversaire de l’encyclique de Saint Jean XXIII Pacem in Terris, Antennes de paix a demandé à Gregory Baum de diriger une « relecture engagée dans le Québec d’aujourd’hui », publiée par Novalis. Le Pape François, lors sa rencontre de la nouvelle année 2023 avec le corps diplomatique a rappelé ce 60e anniversaire et l’actualité de l’enseignement de Pacem in Terris.

Passant du livre au numérique, Antennes de paix a pris un virage en 2013 en lançant les Prix du public pour la paix, une initiative en partenariat avec Voix et couleurs nouveaux médias. Aux quatre coins du monde, des équipes se sont mobilisées pour faire connaître des situations problématiques et des initiatives de paix pour y faire face. Tant d’artisans et d’artisanes de paix travaillent dans l’ombre et se sentent isolés! Antennes de paix a désenclavé et mis en lumière ces personnes et ces groupes, leur procurant un encouragement et des relations qui se poursuivent.  

Les antennes sont là pour capter, mais aussi pour émettre. Les expressions artistiques ont toujours été mises de l’avant au sein de l’organisme. La soirée des 15 ans n’a pas fait exception. Du haut de ses 18 ans, Wesley Djayerombe-Dialango a interprété magnifiquement « un peu plus haut, un peu plus loin… ». Trois artistes pour la paix ont livré un vibrant message : André Jacob a interpellé par des récits, des poèmes illustrés par ses toiles; Hugo Larenas l’a accompagné à la guitare et a enchanté l’assemblée par quelques pièces instrumentales; et enfin Isabela Marengo a illustré en danse un appel à la paix lancé par André Jacob et repris par l’assemblée : « nous sommes la paix ». La soirée s’est conclue sur le chant de Raymond Lévesque : Quand les hommes vivront d’amour… repris par une majorité de femmes.

À l’âge où les jeunes filles deviennent des femmes, que devient Antennes de paix? Elle prend discrètement le chemin du pays des souvenirs, mettant fin à son existence en tant qu’organisme à but non lucratif. Plusieurs facteurs motivent cette décision: la faiblesse des moyens financiers accessibles, l’impossibilité d’obtenir le statut d’organisme de bienfaisance, le non-renouvellement d’abonnements, l’existence d’autres organismes aux missions semblables. Pendant encore quelque temps, la page Facebook et le site Web resteront visibles avant de migrer au pays de la mémoire. 

Les antennes seront donc dispersées… mais des antennes telles Joseph Vumiliya, Lorette Langlais, Lona Ranjarivelo, Ferdinand Djayerombe Vaweka, Gloria Villamil, François Godbout, Richard Renshaw, Aswad Mansour et Gisèle Turcot se tairont-elles? Ou iront-elles « un peu plus haut, un peu plus loin » autrement? 

 

Louise Royer