Montréal

(Présence-info) Le maire Denis Coderre a en effet annoncé lundi que la Ville de Montréal veut acquérir à court terme la vaste propriété des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, située à l'angle de l'avenue des Pins et de l'avenue du Parc.

«Cette acquisition permettra de préserver le patrimoine bâti et naturel du site et de le mettre en valeur en cohérence avec son riche passé», a déclaré le maire Coderre devant les représentants des médias et un grand nombre de religieuses réunis dans la chapelle qui unit le couvent des hospitalières et l'Hôtel-Dieu de Montréal.

Le coût de la transaction n'est pas encore connu, ni même convenu. «Vous comprendrez qu'on est en pleine négociation. Aujourd'hui, on ne donne pas de montant», a dit le maire. Tant la Ville de Montréal que la congrégation souhaitent que la vente, «à la juste valeur marchande», soit conclue d'ici six mois.

C'est depuis 2012 que les religieuses de cette congrégation réfléchissent à leur avenir et à celui de leur vaste propriété qui comprend un couvent, un musée, trois chapelles, des jardins et des bâtiments de services.

«Nous diminuons en nombre et celles qui restent augmentent en âge», a expliqué Marie-Thérèse Laliberté, la supérieure générale de la congrégation. La congrégation a donc étudié plusieurs offres.

Deux conditions étaient incontournables, dit sœur Laliberté. «Les futurs acquéreurs devaient respecter les valeurs que nous avons toujours voulu sauvegarder en ces lieux. De plus, nous voulions que la communauté puisse continuer à demeurer sur le site, en ce lieu où les sœurs ont donné toute leur vie pour prendre soin des malades de l'Hôtel-Dieu, notre voisin.»

«Au début de 2015, la Ville de Montréal a manifesté de l'intérêt pour notre projet. On avait quand même alerté un peu les élus», dit sœur Laliberté, en lançant un regard amusé vers le maire de Montréal.

Le 30 mars 2016, la congrégation a reçu une lettre du maire Coderre où il annonce que la Ville veut acquérir le site et respecter «les grands principes qui ont guidé les religieuses tout au long de leur histoire».

«Vous avez ma parole», a lancé le maire Coderre aux religieuses. «On est là pour protéger ce patrimoine. On veut donner une autre vocation à la propriété, mais dans le respect des valeurs de la communauté.»

«On n'est pas là pour bâtir des condos», a-t-il martelé. «On veut donner aux Montréalais une plus grande accessibilité à ce joyau exceptionnel. On veut l'acquérir, on veut protéger les valeurs et les principes qui s'y rattachent, s'assurer que la population puisse y avoir accès et qu'elle puisse profiter de ces endroits magnifiques.»

Présent lors de cette annonce, Luc Ferrandez, maire de l'arrondissement Le Plateau-Mont-Royal et chef de l'Opposition officielle à l'hôtel de ville, a salué cette «fantastique décision» et remercié le maire Coderre pour ce «projet magnifique que les générations futures vont certainement apprécier et que les villes du monde entier vont nous envier».

Aux religieuses, le maire Ferrandez a exprimé que les Montréalais «sont reconnaissants pour cette immense œuvre que vous avez accomplie, dans l'humilité, avec un résultat qui va bien au-delà de tout ce qui pourrait être fait par des entreprises ou par des hommes ambitieux. C'est votre travail au quotidien qui a préservé ce lieu».

«Il n'y a sans doute pas à Montréal un lieu qui marie aussi bien la culture, le patrimoine et la nature que le site de l'Hôtel-Dieu», a-t-il ajouté.

L'annonce de la Ville de Montréal réjouit Dinu Bumbaru, directeur des politiques de l'organisme Héritage Montréal. «On est devant un lieu d'exception qui demande une stratégie un peu moins banale que ce qui se fait trop souvent. L'engagement non partisan de la société montréalaise par ses institutions est ici remarquable», dit-il.

«Tous les atomes sont là pour faire un projet dont on sera fier.» Dinu Bumbaru note que le projet montre une prometteuse alliance «de forces politiques, de forces communautaires et de l'esprit fondateur de Montréal par les religieuses.»

La vente de la propriété des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph est toutefois conditionnelle à l'obtention d'une autorisation papale. «Vous allez travailler là-dessus, Mgr Lépine?», a lancé le maire Coderre à l'archevêque de Montréal, présent à la conférence de presse.

La crypte qui abrite la dépouille de Jeanne Mance, cofondatrice de la Ville de Montréal et fondatrice de l'Hôtel-Dieu de Montréal, ne fait pas partie de ce projet d'acquisition, ont précisé les religieuses. Le maire Coderre a aussi annoncé que la Ville aidera les religieuses à se relocaliser au pavillon Masson de l'Hôtel-Dieu de Montréal où elles emménageront au printemps 2018.