Le pape écrit une lettre aux responsables du centre Le Pont
Montréal
«Chers Alessandra et Arthur.» C'est par ces mots que débute cette courte note d'appréciation reçue la semaine dernière par Alessandra Santopadre et Arthur Durieux, les deux responsables du centre Le Pont, un refuge pour demandeurs d'asile établi dans un presbytère de Montréal.
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La petite carte blanche, rédigée à la main, contient une trentaine de mots en italien.
«Attendez que je la retrouve et je vais vous la traduire», lance au téléphone Alessandra Santopadre, la responsable du programme de parrainage des réfugies et des demandeurs d’asile de l'archidiocèse de Montréal. «Je l'ai trouvée.»
«C'est écrit: Chers Alessandra et Arthur. Je voudrais vous remercier pour votre incontournable travail à la maison d'accueil Le Pont en faveur de tant d'immigrants et de réfugiés à Montréal. Gardez vivant leur espoir. Dieu vous bénisse. Fraternellement.»
La note, rédigée et signée par le pape François le 17 avril 2020, a voyagé par le courrier diplomatique du Vatican et s'est retrouvée entre les mains du patron d'Alessandra, un missionnaire scalabrinien. Le jeudi 14 mai, le père Pierangelo Paternieri, le directeur de l'Office diocésain des communautés culturelles et rituelles, a remis aux deux responsables du centre Le Pont la lettre papale qui leur était adressée.
«Quand le pape t'écrit personnellement, tu ne peux qu'être heureuse», a noté samedi madame Santopadre sur sa page Facebook personnelle. «Et dire merci», ajoute-t-elle, bien déterminée à poursuivre son travail «auprès des migrants, des réfugiés et des demandeurs d'asile» présents à Montréal.
Frontières fermées, portes ouvertes
Malgré la pandémie et la fermeture des frontières, Le Pont de Montréal n'a pas cessé d'accueillir des demandeurs d'asile.
«On a actuellement sept familles qui sont hébergées au Pont», soit 27 adultes et enfants, dont deux paires de frères et de sœurs d'âge mineur. «Ce sont deux jeunes d'Angola et deux sœurs du Cameroun. «Normalement, on n'accepte pas des mineurs mais les travailleuses sociales n'avait pas de famille pour les héberger. On les a donc accueillis chez nous.»
Les frontières sont fermées aux voyageurs mais les demandeurs d'asile sont acceptés depuis peu. Ils sont toutefois placés en quarantaine par les autorités gouvernementales canadiennes. «Après la quarantaine, on nous contacte.»
Bien que la situation sanitaire actuelle traumatise «tout le monde», dit Alessandra Santopadre, les migrants sont doublement traumatisés. «Les demandeurs d'asile se retrouvent coincés dans une maison, sans possibilité de sortir, après une trajectoire migratoire souvent pénible qui a peut-être duré des mois ou même des années. C'est très difficile psychologiquement pour eux.»
«Nous, on essaie de les rassurer, d'être là pour eux et de répondre à leurs besoins. On le fait en leur fournissant un endroit où toute la famille peut vivre en sécurité», après avoir vécu tant d'insécurité dans les pays qu'ils ont dû quitter.
Dès que les mesures de confinement seront levées, le centre Le Pont pourra accueillir de nouveau ses bénévoles et ses stagiaires qui accompagnent les familles dans leurs démarches d'intégration.
La responsable a donc hâte de voir les enfants jouer de nouveau dans les parcs proches du centre et leurs parents partir à la recherche d'un logement, d'un «chez-eux si important pour toutes les familles».
À la fin de la crise sanitaire, «les familles vont enfin pouvoir goûter à un peu de liberté», espère-t-elle. «N'est-ce pas justement ce qu'ils cherchaient en venant ici?»
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