Montréal

Voici le témoignage de la famille Bolduc Jacinto.

Notre petite famille (Hector, 8 ans, Isaac, 6 ans, Stéphane et Erika) est revenue du Mexique le 11 mars dernier, après la semaine de relâche et seulement deux jours avant l’annonce de la pandémie du COVID-19. Il nous a fallu prendre rapidement une décision, et nous avons convenu de nous isoler volontairement durant deux semaines, sans songer que notre confinement préventif durerait des mois!

Notre vie de « confinés » a connu diverses phases. Au début, nous avons vu cela comme un prolongement temporaire de nos vacances à domicile. Or, nous avons très rapidement vu que ce n’était pas du tout le cas! Notre premier défi a été de mettre de l’ordre dans notre nouvelle réalité famille-école-travail vécue sous un même toit, ensemble à la maison, en partageant le même espace sept jours sur sept. Le chaos s’est vite installé et nos émotions ont commencé à s’enflammer au fil des jours. Sans l’Eucharistie et le sacrement de la réconciliation pour nous soutenir, notre soif de grâce spirituelle s’est accrue, et il nous a fallu explorer diverses façons de prier, individuellement et collectivement, pour retrouver la paix intérieure dont nous avions tant besoin.
  
Grâce au bénédicité quotidien (qui a triplé depuis que nous mangeons tout le temps ensemble) et aux prières du soir, nous avons compris que les desseins de Dieu à notre endroit étaient plus grands durant ce confinement. Nous avons à une occasion reconnu que Dieu nous parlait clairement et directement à travers notre fils Hector, lequel a demandé un jour durant un repas : Si Dieu existe et qu’Il est capable de tout, pourquoi ne détruit-Il pas le coronavirus? Sa question nous a clairement pris par surprise et nous savions évidemment qu’il nous fallait lui fournir une réponse satisfaisante. Mais comment expliquer à un jeune de huit ans que Dieu connaît l’existence du mal, qu’il nous invite à nous unir à lui pour y mettre fin, pour le plus grand bien de tous, en redressant un sentier tortueux?

Cette explication nous a incités à poser la question : qu’exige Dieu de nous durant ce temps de pandémie? En y repensant, la question d’Hector a eu un profond impact sur nous. Comme famille, nous avons compris durant nos échanges quotidiens, nos joies et nos tourments, que Dieu nous demandait de trouver de nouvelles façons de l’aimer, de nous aimer et d’aimer les autres, même en période de distanciation physique.
   
Comme parents, nos enfants nous ont appris à être résilients et à nous adapter volontairement à notre nouvelle réalité en nous montrant plus attentifs, plus patients, plus optimistes, tout en acceptant avec grâce la nécessité de répartir équitablement notre temps entre nos enfants et les exigences du travail, lesquelles requéraient une disponibilité à des heures inhabituelles. Quant aux enfants, ils ont développé une nouvelle façon d’aimer les voisins en disant des prières pour eux. Ils ont commencé à sourire amicalement à tous ceux qu’ils croisaient leur chemin durant nos randonnées quotidiennes. Ils se sont montrés particulièrement affectueux envers leurs grands-parents. Ils ont pris bien soin d’eux en leur parlant au quotidien par téléphone ou par Skype, ou autrement.

Oui, après les affres causées par le confinement obligatoire, un certain calme s’en est suivi. Le chemin était parfois très escarpé et jonché d’obstacles. Nous pouvons maintenant dire que nous vivons toujours un processus de croissance en parcourant ce chemin, mais nous avons saisi cette occasion que nous offre le confinement pour nous abandonner, en famille, à la volonté de Dieu. Nous avons vécu des moments très difficiles, mais nous en avons vécu aussi de très beaux. Nous avons pu ainsi renforcer d’importantes vertus comme la tempérance, l’amitié et l’espoir.

Nous sommes reconnaissants à Dieu du temps passé ensemble, pour sa présence quotidienne dans nos vies et pour sa miséricorde durant ses moments difficiles.