Vitalité de la paroisse St-Esprit de Rosemont
Montréal
Nous souhaitons tous la réouverture de nos Églises. Mais l’Église a-t-elle un absolu besoin des bâtiments pour se faire tendresse de Dieu? La paroisse St-Esprit de Rosemont nous offre ce court témoignage.
À la demande de la paroisse Saint-Esprit, tous les noms ont été changés pour des noms fictifs.
« Les agents de pastorale de la Maison de la Foi de Saint-Esprit-de-Rosemont se considèrent agent de pastorale en tout temps, peu importe le lieu, le temps de la semaine, ou que ce soit un moment sans emploi pendant la pandémie. On peut avoir l’Église comme employeur, avoir des horaires déterminés mais on demeure disciple du Christ à tout moment de la journée et dans toutes les occasions. Ils considèrent aussi qu’en tout temps, il est nécessaire d’être présence d’Évangile dans le monde. Sans nul doute que les agents de pastorale de Saint-Esprit ne sont pas les seulEs qui ont cette vision des choses. Voici un récit qui illustre cette situation.
Début juin 2020 : un soir exceptionnel où le budget le permettait malgré sa situation de « sans-emploi », un agent de pastorale de Saint-Esprit, appelons-le ; Martin, décide d’aller s’acheter un repas au fast-food du coin. En sortant avec sa nourriture pour emporter, il croise un ancien catéchète qui discute avec un homme; Léon qui a eu des rencontres régulières avec Martin. Ces deux hommes se sont rencontrés plusieurs fois pour discuter, échanger, philosopher, briser l’isolement et porter ensemble le poids des difficultés et des souffrances vécues. Il serait faux de penser que Martin est là pour Léon car Martin sait pertinemment que Léon l’aide et le ressource à travers toutes les épreuves qu’il a subies, à travers la philosophie de vie qu’il a bâtie et qui l’a sans doute aidé à passer au travers. Combien de fois Martin s’est dit que Léon est une leçon de vie pour lui. Lorsque le Christ est au cœur d’une rencontre véritable, qui peut dire lequel est catéchisé?
Martin salue jovialement Juan, le catéchète et Léon. Il les invite à se procurer un repas et à venir pique-niquer avec lui au parc. Le catéchète dit qu’il doit retourner chez-lui, mais Léon avait envie de profiter de cette occasion pour échanger.
Martin et Léon se rendent au parc et échangent pendant un bon moment. C’est ce dernier qui aborde le rapport de Jésus avec les figures d’autorité et Sa façon de dénoncer publiquement leur hypocrisie... et bien d’autres sujets liés à l’Évangile. Martin répond par les béatitudes « Heureux les pauvres, car le Royaumes des Cieux est à eux! » et « Malheur à vous les riches car vous avez votre récompense! »
À ce moment, surgissent de la table de pique-nique d’à côté 4 personnes, eux aussi bien connues de l’agent de pastorale, puisqu’ils ont souvent besoins de sous et sonnent régulièrement à la porte du presbytère (à l’époque où nous étions ouverts) pour obtenir de l’aide. Quatre grands types rayonnant de sourires qui comblent de joie l’agent de pastorale au moment où il parlait des béatitudes en les pensant du plus profond de son cœur. Tout le monde était heureux de se retrouver après un bon moment sans s’être vu due aux obligations de confinement et déplorant les portes fermées du presbytère.
Une de ses personnes venait de se faire mettre dehors de sa chambre. Il avait besoin d’un sac-de-couchage d’urgence pour dormir cette nuit même. Un autre voulait le Tau franciscain que Martin avait au cou en échange de sa croix. Deux autres voulaient des croix. Grâce à la Divine Providence, toutes ces demandes ont pu être exaucées. Martin a échangé son Tau, il a pu aller à l’église, juste à côté pour chercher 2 autres croix et il est entré au bazar de l’église pour se procurer un sac de couchage, disant que c’était une urgence de première ordre.
Bref, la pandémie arrête les petits humains que nous sommes mais n’arrête pas l’Esprit! La mission première de l’Église n’est-elle pas d’agir en fonction de son message? Une fois que cela est fait, on se rend compte qu’évangéliser avec des mots est très souvent inutile. Les actes parlent et l’Église se forme autour d’une table de pique-nique et d’un hamburger sans même avoir eu l’autorisation du premier ministre pour déconfiner les églises. Malgré nos bâtiments, l’Esprit Saint souffle où Il veut. »
Martin, agent de pastorale
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