Montréal

Voici un beau texte venant de M. Martin Fontaine, nous racontant son précieux témoignage lors d'une messe, le 4 octobre dernier.

Bonjour à toutes et à tous,

Je veux vous partager un miracle qui s'est passé à Saint-Esprit-de-Rosemont à la messe du dimanche à 11h00 le dimanche, 4 octobre 2020.

Le curé m'a mandaté pour être celui qui est dehors en aube devant l'église une fois que les 25 personnes sont entrées pour informer les suivants qu'ils doivent demeurer dehors mais que nous pouvons aller leur porter la communion au moment de l'eucharistie.

Au départ, autour de 4 personnes étaient restées avec moi, d'autres ont dit qu'elles allaient revenir pour la communion. Croyez-le ou non. Les 4 personnes se sont assises dans les marches de l'église et se sont mis à faire toute la célébration à haute voix devant l'église, à environs 4 mètres du trottoir où tous les passants pouvaient entendre le contenu de cette célébration.

Deux femmes furent les initiatrices. Elles ont commencé à chanter à peu près au même moment où le chant d'entrée fut joué à l'intérieur. Ensuite, à tour de rôle, ils et elles ont fait les lectures : Isaïe, Psaume, Épitre... pendant ce temps, des gens se sont progressivement joints à nous.

En comptant celui qui est venu passer la quête et le marguillier qui a passé près de nous dans son implication bénévole de ramassage sur le parvis, nous étions précisément 12 personnes. Les 12 apôtres femmes et hommes (3 noirs, 3 latinos, 1 autochtone, 5 québecoises).

Rendu à l'Évangile, tous se sont tournées vers moi pour lire l'évangile... je m'attendais pas à ce grand honneur. Je l'ai lu et, ensuite, je leur ai posé la question. Qu'est-ce qui vous rejoint dans ces trois lectures? Qu'est-ce que vous en comprenez? Grand Dieu l'inspiration! Grand Dieu le commentaire de l'évangile formateur que j'ai eu là. C'était un puissant ressourcement que ces 12 m'ont donné. Puissant, riche et, quel beau témoignage devant toutes les passants et les passantes qui pouvaient tout entendre! Une femme dans la vingtaine est passée en nous faisant un sourire les pouces en l'air, le visage rempli d'approbation pour ce que nous faisions (je m'attendais pas à autant d'approbation devant une jeune d'un quartier réputé pour être aussi jeune professionnel-pas-trop-religieux que le Plateau Mt-Royal). Un autre monsieur à la barde ébouriffée est arrêté avec son vélo. Je lui ai dit : « vous pouvez rester, tout à l'heure j'apporte la communion. » Pendant que je lui ai fait cette offre il m'interrompt : « Chuuuut, j'écoute ce que disent les gens (les gens qui font le partage d'évangile) ».

Il a bien dû passer une soixantaine de personnes pendant notre messe. Aucun regard accusateur. Aucun regard irrespectueux. Un sentiment de complète acceptation face à ce que nous faisions. Même de l'approbation devant notre courage, notre respect des normes de sécurité, notre résistance au froid (nuages gris, air froid, vent...)

Quelques-uns des douze m'ont dit : « Tu ne veux pas rentrer? Va te réchauffer, tu ne portes qu'une aube! ». Mais j'étais tellement enchanté par ce qui se passait. Je n'avais aucunement froid. C'était une ambiance extraordinaire. On sentait que l'Esprit soufflait fort à Saint-Esprit de Rosemont!

Pendant le partage d'évangile, celui qui passe la quête à l'intérieur est sorti. Je me suis dit : « Ha non! J'étais gêné parce que l'Église les mets dehors. On est quand même pas pour leur demander de donner à la quête! » Hé bien, figurez-vous donc que celui qui passe la quête avait son panier plein en rentrant dans l'église en disant : « Ce fut une très bonne collecte! » Ayoye! Les sceptiques seront confondus!

Peu de temps après cela, les douze ont décidé de passer au Credo. Je leur ai dit : « Je vais aller à l'intérieur pour être certains de ne pas manquer la communion » et de fait, une fois rendu dans le choeur, nous étions presque rendu à ce moment de la messe. Je communie, j'apporte le ciboire dehors avec l'accord du curé Raymond Arsenault, à qui j'avais demandé au préalable (après avoir reçu le communiqué du diocèse qui permettait cette pratique).

Rendu au moment de sortir dehors avec le ciboire, me souvenant qu'il faisait froid, gris en venteux, j'ouvre la porte : il n'y avait plus de nuage, le froid était parti. Le soleil resplendissait de tous ces rayons!

J'apporte le ciboire aux douze. « Heureux les invitées au repas du Seigneur! » sur le trottoir. Le Corps du Christ fait corps dehors. Le sommet de la vie chrétienne vécu devant les gens du quartier sous l'inspiration des autorités diocésaines qui ont permis que ce genre de geste prophétique arrive. Et combien prophétique avec les textes bibliques du jour sur la vigne! Notre partage d'Évangile n'a pas oublié de parler de Joyce, cette femme autochtone négligée à mort dans une hôpital. Nous n'avons pas oublié de parler du racisme. De parler des dons d'amour de Dieu que nous avions la responsabilité de mettre en œuvre, sinon, ses dons, sa vigne... seront à d'autres comme le dit le Christ dans l'Évangile. Prophétique! Tournant missionnaire!

Après que les douze ont communié, je rapporte le ciboire à l'intérieur et retourne dehors constatant que les douze étaient encore en train de prier et de rendre grâce. Le sacerdoce baptismale, le sensus fidei des fidèles laïques. Il ne faut pas sous-estimer l'extraordinaire profondeur, les connaissances, les capacités, la recherche spirituelle des laïques. Ces paroisiennes ayant vu qu'elles n'auraient pas la messe habituelle ont, le plus naturellement du monde, pris l'initiative et ont eu toutes les capacités pour mettre en branle une extraordinaire célébration!  Les deux célébrations (à l'intérieur de l'église et à l'extérieure) ont débuté et terminé en même temps. J'ai entendu tous ces commentaires des douze :

« nous reviendrons dimanche prochain dans les marches de l'église!
Depuis le temps que je veux un groupe de partage d'évangile!
Vas-tu être là Martin dimanche prochain?
Je n'ai pas envie de partir, il fait si beau et si chaud maintenant! »

C'était un dimanche absolument extraordinaire! Dans la croix de la Covid, de nouvelles façons de faire surgissent! La résurrection missionnaire! Mon curé est enchanté et prie pour qu'il fasse beau dimanche prochain afin qu'on puisse refaire cette assemblée extérieure! Laissons-nous surprendre par l'Esprit à l'oeuvre dans les baptisés et regardons ce qu'elles vont générer comme vie dans l'Église par leur propre initiative!

Dieu soit loué!

Martin Fontaine
Agent de pastorale
Paroisse St-Esprit de Rosemont