La Grande Mission
Au tournant de son évolution personnelle, comme à celui d’une Église qui allait bientôt entrer en Concile, le cardinal lance en 1960 la « Grande Mission » une opération considérable, inspirée par l’expérience d’une mission réalisée à Milan par le cardinal Montini, futur Paul VI, et qui aura comme thème « Dieu est notre Père ». La « Grande Mission » est l’occasion d’une réflexion sur le milieu. Elle cherche à identifier les besoins pastoraux de l’heure. Elle appelle chacun à la conversion intérieure. Un vaste plan de prédication et de rencontres vise à faire redécouvrir les vérités théologiques fondamentales sur l’Église, sur les responsabilités des laïcs et sur les communautés chrétiennes.
Le bilan de cette « Grande Mission » ? Magnifiquement organisée, elle a certes rejoint et interrogé un nombre considérable de fidèles. Nous étions en chrétienté… mais aussi aux premières heures de la Révolution tranquille, des mutations socioreligieuses en gestation. La « Grande Mission » fut un moment intense de vie ecclésiale.
Le Concile Vatican II
Ce fut sûrement l’autre grand événement de la seconde étape de l’épiscopat du cardinal Léger. Quatre sessions (1962-1965) qui, chaque automne entre septembre et décembre, le menèrent à Rome. La participation du cardinal aux orientations du Concile fut importante et appréciée. Ses interventions, alimentées par les consultations qu’il avait menées à Montréal auprès de groupes de fidèles et de prêtres et mises au point à Rome au fil du déroulement du Concile, furent écoutées avec attention et eurent leur poids d’influence.
À trois jours de la fin du Concile, le cardinal adressa, le 5 décembre 1965, une lettre à tous les membres de l’Église de Montréal, prêtres, religieux et laïcs. Il livre les impressions dernières du Père conciliaire heureux et enthousiaste qu’il fut.
« Le Concile Vatican II a répondu aux espérances qu’il avait suscitées… (Il) a été une nouvelle Pentecôte… C’est à l’esprit même de l’Évangile qu’il ramène et à une purification radicale, selon cet esprit. Il a voulu rénover la vie et les comportements chrétiens. »
Une Église allégée
Avant le Concile, pendant et après, le cardinal Léger s’applique à modifier certains traits de l’Église diocésaine. Il manifeste une ouverture à la prise en charge par les laïcs de leurs responsabilités sociales, particulièrement dans le domaine de l’éducation. Par exemple : Le Collège Saint-Paul est confié aux laïcs (1961). Des laïcs, au lieu des prêtres, sont désignés aux trois postes de commissaires qui sont laissés à la décision de l’archevêque de Montréal à la C.E.C.M. (1964).
L’Église, estimait le cardinal, devait être déchargée de certains pouvoirs, d’un certain rôle de suppléance. Omniprésente jusque là, elle acceptait d’être délestée de charges qu’elle ne pouvait plus porter et que la société était devenue apte à assumer.
Une Église présente
La volonté de rendre l’Église présente dans le milieu montréalais caractérise finalement, l’épiscopat du cardinal Léger. Présence sur le territoire : 109 nouvelles paroisses, missions, communautés ethniques et rituelles, érigées en dix-sept ans. Présence par la parole abondamment prise en Église et dans la cité : 5 000 allocutions, homélies, discours prononcés dans les milieux les plus divers. Présence bien visible, agissante et croissante dans les années cinquante, se faisant plus discrète, capable de détachement et de partage dans les années soixante.