Itinérance - Un point de vue chrétien

Publié en 2007 par le Conseil Pontifical des migrants et des personnes en déplacement – institué en 1970 par le pape Paul VI – ce document vaut le détour, car sa résonnance est d’ordre local comme international.

La quatrième et dernière partie de ce document est consacrée aux personnes « sans domicile fixe ».

À propos de la précarité de leur situation, l’Église observe « (...) que l’on constate aussi un changement graduel de mentalité à leur égard : les pauvres n'émeuvent plus, ils sont devenus un problème d'ordre public; il existe une attitude de gêne croissante envers ceux qui demandent l'aumône » (no 150).

Ce document rappelle un passage de la Parole de Dieu qui est d’une clarté désarmante, sur le soutien à apporter aux personnes appauvries par toutes sortes de situations, que ce soit la maladie, la faim, ou le fait de se retrouver sans logis.

« La Parole de Dieu stigmatise toutes les formes de gêne ou d'indifférence envers les pauvres (…) en nous rappelant que le Seigneur jugera nos vies à partir du comment et du combien nous avons aimé les pauvres (cf. Mt 25,31-46*). Selon saint Augustin*, nous sommes invités à apporter notre aide à tous les pauvres, pour ne pas courir le danger que celui justement auquel nous la refusons soit le Christ lui-même » (no 151).

Le Conseil invite à aller plus loin que la simple distribution de nourriture.

« Pour ce qui concerne les réfectoires* – quels que soient leur genre et leur ordre – outre un repas chaud et abondant servi gratuitement, il est important d'assurer un climat familial et accueillant. Les hôtes qui y viennent, dans leur pauvreté, n'ont pas besoin de satisfaire seulement une faim de nourriture, mais surtout de retrouver la sympathie, le respect et la chaleur humaine qui leur sont souvent refusés. L'idéal est le service fourni par des volontaires, qui offrent gratuitement leur temps libre pour assurer leur aide. » (no 161).

Une invitation du Conseil en surprendra plus d’un : l’appel à respecter les habitudes alimentaires liées à la tradition religieuse. « Il faudra aussi tenir compte des habitudes alimentaires de chacun, dans le respect de leur tradition religieuse » (no 161).

Que disent les papes Benoît XVI et Jean-Paul II?

Benoît XVI lançait des appels forts dans son message pour la 98e Journée mondiale des migrants et des réfugiés, en 2012 :

« Les réfugiés qui demandent asile, ayant fui les persécutions, les violences et les situations qui mettent leur vie en danger, ont besoin de notre compréhension et de notre accueil, du respect de leur dignité humaine et de leurs droits, tout comme de la prise de conscience de leurs devoirs.

« Leur souffrance exige de la part des États et de la communauté internationale des attitudes d’accueil réciproque, en surmontant les craintes et en évitant les formes de discrimination, et que l’on rende concrète la solidarité notamment à travers des structures d’accueil adéquates et des programmes de réinsertion. Tout cela comporte une aide réciproque entre les régions qui souffrent et celles qui accueillent déjà depuis des années un grand nombre de personnes en fuite, ainsi qu’un plus grand partage des responsabilités entre les États.

« La presse et les autres moyens de communication ont un rôle important pour faire connaître de façon correcte, objective et honnête, la situation de ceux qui ont été contraints de quitter leur patrie et leurs êtres chers et qui veulent commencer à se construire une nouvelle existence.

« Les communautés chrétiennes doivent accorder une attention particulière aux travailleurs migrants et à leurs familles, à travers l’accompagnement de la prière, de la solidarité et de la charité chrétienne; la valorisation de ce qui enrichit réciproquement, ainsi que la promotion de nouveaux programmes d’action politiques, économiques et sociaux, qui favorisent le respect de la dignité de chaque personne humaine, la protection de la famille, l’accès à un logement digne, à un travail et à une assistance. »

Jean-Paul II abordait dans son message de 2001 la question de l’accueil de personnes non chrétiennes par des chrétiens :

« Dans l’encyclique Redemptoris missio, j’ai rappelé la mission de l'Église en ce qui concerne les migrants non chrétiens, et j’ai souligné le fait qu’ils créent par leur présence de nouvelles occasions de contact et d'échanges culturels qui incitent la communauté chrétienne à l'accueil, au dialogue, à l'aide et à la fraternité. Cela suppose une plus vive prise de conscience de l'importance de la doctrine catholique sur les religions non chrétiennes (cf. déclaration Nostra ætate), de manière à pouvoir entretenir un dialogue inter-religieux attentif, constant et respectueux, qui apporte une connaissance et un enrichissement réciproques. “À la lumière de l'économie du salut – écrivais-je dans l’encyclique Redemptoris missio déjà citée –, l'Église estime qu'il n'y a pas contradiction entre l'annonce du Christ et le dialogue inter-religieux, mais elle sent la nécessité de les coordonner dans le cadre de sa mission ad gentes. En effet, il faut que ces deux éléments demeurent intimement liés et en même temps distincts, et c'est pourquoi on ne doit ni les confondre, ni les exploiter, ni les tenir pour équivalents comme s'ils étaient interchangeables” » (no 6).

« La présence d’immigrés non chrétiens dans des pays d’ancienne chrétienté représente un défi pour les Communautés ecclésiales. C'est un phénomène qui, dans l’Église, continue à pousser à la charité pour accueillir et aider ces frères et ces sœurs à la recherche de travail ou de logement. C'est, d'une certaine manière, une activité assez semblable à celle de nombreux missionnaires en terres de mission, qui s'occupent des malades, des pauvres, des illettrés. Tel est le style du disciple : il va au-devant des attentes et des besoins du prochain en difficulté. » (no 7).

*Ces liens ont été ajoutés par l’auteur de l’article et ne sont pas présents dans le document web du Conseil Pontifical des migrants et des personnes en déplacement.

Lien d’intérêt : Un Rosaire en lien avec la pastorale des migrants