Montréal

La chapelle du Vieux-Montréal, fondée par Marguerite Bourgeoys, célèbre cette année son 250e anniversaire. Inaugurée le 30 juin 1773, il s'agit de la toute première chapelle de pierre bâtie à Montréal.

Mais sous le plancher de bois de l’édifice, les vestiges du premier lieu de culte érigé sur le site, dès 1655, permettent de découvrir l'aspect des lieux au 17e siècle. Cette première chapelle a été détruite par un incendie en 1754.

Vous voyez des planches de bois brûlées? Ça, c'est le parvis, montre Jean-François Royal, directeur général du site historique Marguerite-Bourgeoys. C'est l'entrée de la chapelle.

Pour permettre au monument de survivre dans les siècles à venir, une opération de numérisation de ses moindres détails a été entreprise.

Une vie vouée à l'éducation

Sainte-Marguerite Bourgeoys, canonisée par Jean-Paul II, est née à Troyes, en Champagne, en 1620. C'est en 1653 qu'elle arrive à Montréal, avec l'intention d'éduquer les habitants de la jeune colonie.
 

La chapelle Marguerite-Bourgeoys, dans le Vieux-Montréal
La chapelle Marguerite-Bourgeoys, dans le Vieux-Montréal (Photo: Radio-Canada)


Elle a cette vision d'ouvrir une communauté, d'enseigner aux gens, aux femmes. D'apprendre l'indépendance financière à ses filles, explique Jean-François Royal. Marguerite avait vraiment cette volonté de ne dépendre d'aucun homme et d'être autonome financièrement pour sa communauté.

Grâce à son audace et à son sens de la communauté, Marguerite réussit à convaincre les quelques dizaines d'habitants que compte alors Montréal de construire une chapelle dédiée à la Vierge Marie, à l'extérieur de la ville, sur un promontoire naturel en bordure du fleuve.

Des traces de la construction même de cette première chapelle sont aujourd'hui visibles au sous-sol de l'édifice, grâce aux fouilles archéologiques menées dans les années 1990. Des trous et des morceaux de bois de l'époque témoignent des efforts déployés pour ériger la chapelle.

Un décor hétéroclite

Un étage plus haut, la chapelle actuelle ne ressemble plus à ce qu'elle était au moment de sa construction. Les éléments visibles ont presque tous été remplacés, recouverts, modifiés. Au fil des siècles, les responsables ont cherché à maintenir le décor au goût du jour, pour le meilleur et pour le pire. 

Il faut comprendre que la chapelle avait un air un peu vieillot, à la fin du 19e siècle, raconte l'historien Stéphan Martel, responsable de la recherche au site historique Marguerite-Bourgeoys. 

Le vaste chantier de rénovation et de restauration mis en branle à cette époque permet de construire une nouvelle façade, avec le style néo-roman qu'on lui connaît aujourd'hui. À l'intérieur, on installe une nouvelle voûte recouverte d'une fresque peinte par François-Édouard Meloche, la vedette de l'époque pour les fresques à l'intérieur des églises.

Quelques décennies plus tard, ce décor ne convient déjà plus. Au début du 20e siècle, on trouve que la chapelle est sombre, on veut cacher ces œuvres qui assombrissent, poursuit Stéphan Martel. Les fresques en trompe-l’œil du plafond sont recouvertes d'une toile et les murs sont parés de panneaux de marbre. Ce qu'on voit, c'est une multiplicité de décors qui se diffusent à travers les années, indique l'historien. 

La dépouille de Marguerite Bourgeoys repose à l'intérieur de la chapelle depuis 2005. 

Documenter les menus détails de la chapelle 

Malgré sa petite taille, la chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours occupe une place importante dans l'imaginaire montréalais. Tour à tour lieu de pèlerinage, église des catholiques anglophones et chapelle des marins, elle est immortalisée dans la chanson Suzanne de Leonard Cohen : And the sun pours down like honey on our lady of the harbor.
 

intérieur de la chapelle Marguerite-Bourgeoys
L'intérieur de la chapelle Marguerite-Bourgeoys (Photo : Radio-Canada)


Mais si un incendie comme celui de 1754 devait survenir à nouveau, qu'arriverait-il? 

On a réalisé, avec l'incendie de Notre-Dame-de-Paris, que de reconstruire cette chapelle à l'identique nous serait impossible avec l'état des connaissances et de la documentation qu'on a, explique Jean-François Royal. 

La numérisation en trois dimensions, qu'une entreprise spécialisée a déjà commencée, permettra de documenter, au millimètre près, chaque élément du bâtiment historique. C'est un cadeau qu'on offre [à la chapelle], indique le directeur du site, qui rêve d'utiliser les données ainsi obtenues pour réaliser des projets de réalité augmentée.

Moi, je voudrais que les gens puissent s'asseoir dans les bancs de la chapelle et, avec des casques de réalité augmentée, puissent voir l'invisible, c'est-à-dire notre charpente de bois, qui n'est pas accessible au public, mais qui est d'une beauté incroyable.

En attendant, des conférences, des concerts et d'autres événements seront organisés pour marquer le 250e anniversaire de ce monument historique.