Montréal

L'abbé Claude Paradis, fondateur de l'organisme Notre-Dame-de-la-rue, a présidé une émouvante cérémonie funéraire au Repos Saint-François d'Assise pour 101 défunts dont les corps n'ont pas été réclamés au cours de la dernière année.

« J'ai eu soif et vous m'avez donné à boire. J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger... » Ce sont les toutes premières paroles qui ont été prononcées par l'abbé Claude Paradis le jeudi 28 septembre lors d'une brève mais émouvante cérémonie funéraire en mémoire des personnes décédées durant l'année et dont les corps n'ont pas été réclamés par leur famille.

Parce que « chaque personne a droit à une sépulture digne », l'abbé Paradis, un prêtre de l'archidiocèse de Montréal, dirige chaque année au Repos Saint-François d'Assise une célébration où il rappelle le souvenir d'une centaine de personnes de la région de Montréal dont les corps n'ont jamais été réclamés, parce que l'on n'a pas retrouvé leur famille ou parce qu'elle n'a pas voulu s'occuper des funérailles. 

« Seigneur, souviens-toi de tout le bien que ces défunts ont fait durant leur vie. Souviens-toi de l'amitié qu'ils ont manifesté à leurs amis, des services qu'ils ont rendus aux autres, n'oublie aucun des gestes de bonté qu'ils ont posés tout au long de leur existence. Fais qu'ils vivent auprès de toi, dans l'amour qu'ils ont si longtemps cherché », a ensuite dit le prêtre devant quelques 150 personnes réunis au cimetière. 

Il a ensuite demandé aux gens d'aller déposer 101 roses blanches - pour autant de défunts - dans un bouquet de fleurs placé au-dessus de la fosse commune qui accueille les cendres de ces personnes. 

« Ceux dont on fait mémoire aujourd'hui ont été, chacun à leur façon, des bienheureux et des saints », a assuré le prêtre et fondateur de l'organisme Notre-Dame de la rue, qui œuvre auprès des personnes itinérantes de Montréal.

Mourir seul

Dans notre société, « il y a de plus en plus de gens seuls. Et qui meurent seuls », observe Alain Chartier, directeur général adjoint du Repos Saint-François d'Assise. « Un événement comme celui d'aujourd'hui fait surgir un malaise ». Il dit qu'en apprenant la tenue de cette cérémonie, des gens téléphonent au cimetière ou encore à l'abbé Paradis afin de partager leur inconfort devant cette situation ou encore pour exprimer leur propre détresse.  
« Ce matin même, une dame âgée m'a téléphoné », ajoute l'abbé Claude Paradis. Elle est seule et vit avec ses trois chats. « C'est tout ce que je possède », lui a-t-elle dit. « Est-ce que je peux inscrire dans mon testament que vous allez vous occuper de moi après ma mort ? », lui a-t-elle demandé. Il a évidemment accepté. 

« Tout geste d'amour, si petit qu'il soit à l'égard du pauvre et de l'indésirable, est important pour Jésus », a-t-il dit à la fin de la cérémonie. « Ils sont partis, mais ils ne sont pas oubliés. Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères. Amen. » 

L'abbé Paradis a ensuite dévoilé puis béni trois stèles commémoratives installées devant le terrain où sont déposées les cendres de ces personnes. Aux côté des monuments, deux bancs publics invitent les passants à faire « une prière pour les défunts non réclamés ».

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