Pape François

(Radio-Vatican) Le pape François a accordé un nouvel entretien à un quotidien. Dans cette longue entrevue, le Saint-Père s’attarde sur ce que signifie « être pape » et évoque longuement sa relation avec le peuple, son amour pour les pauvres, mais il confie aussi ses espoirs et ses préoccupations.

Le Saint-Père répond tout d'abord à la question : pourquoi répétez-vous toujours : ''Priez pour moi '' « Parce que j'en ai besoin » affirme-t-il. « J'ai besoin d'être soutenu par la prière du peuple. C'est une nécessité intérieure », insiste le Pape qui réaffirme n'avoir jamais pensé être élu. Et en plaisantant, il rappelle que lors du dernier Conclave, les bookmakers anglais le donnaient seulement en 46ème position. Il souligne cependant que « la vie d'un religieux, d'un jésuite, change en fonction des nécessités » et que lorsqu'il a été élu il s'est totalement confié à Dieu, « en priant tranquillement le rosaire » durant le dépouillement des votes qui, confie-t-il, semblait durer une éternité.

Le Saint-Père répond ensuite à une question concernant sa relation exceptionnelle avec les personnes, et le "magnétisme qu'il génère chez les gens".  « Je ne sais pas pourquoi cela se produit », confie-t-il « c'est comme si les personnes comprenaient ce que je veux dire ». « Je tente d'être concret - poursuit-il - « c'est cela que vous appelez "magnétisme", certains cardinaux me disent que c'est lié au fait que les gens me comprennent ». Et le Pape ajoute :« être avec les gens est bon pour moi », c'est comme si « ma vie faisait corps avec les personnes et psychologiquement je ne peux pas vivre sans cela ».

Un Pape qui n'aime pas beaucoup le protocole

Le Pape François évoque sa vie quotidienne et avoue que certaines choses de sa vie en Argentine lui manquent : « sortir dans la rue, marcher dans les rues » ou ajoute-t-il en riant,« aller manger une bonne pizza dans une pizzeria ». « Quand j'étais cardinal j'aimais beaucoup me balader dans les rues ou prendre le métro, la ville m'enchante, je suis un citadin dans l'âme ». Et le Pape reconnait : « c'est vrai que j'ai une réputation d'indiscipliné, le protocole, je ne le suis pas beaucoup, je le perçois comme étant froid mais lorsqu'il y a des choses officielles, je le suis totalement ».

Le Saint-Père répond ensuite à des questions très concrètes concernant son emploi du temps et ses habitudes. Il dit dormir six heures par nuit et avoir besoin d'une sieste d'au moins 40 minutes. « Je vais me coucher vers 21h00, indique-t-il, je lis pendant une heure puis je m'endors d'un sommeil profond. Je me réveille à 4 heure du matin tout seul, c'est mon horloge biologique ». Interrogé sur son rythme de travail et certaines pressions, le Pape dit être « un téméraire et en général ne pas avoir peur ».

Evoquant « les pressions » liées à son ministère, le Saint-Père reconnait qu'en ce moment c'est « l'intensité du travail » qui le fatigue. « J'ai un rythme de travail très soutenu, c'est le syndrome de la fin de l'année scolaire ». Et puis poursuit-il « il y a mille choses, mille problèmes liées à ce que tu dis ou ne dis pas ». Et le Pape cite les médias qui « parfois mettent en avant une parole et la sortent de son contexte ». Il reconnait ne plus suivre la politique en Argentine, qu'il définit avec un peu d'amertume comme « un pays aux nombreuses possibilités et aux nombreuses opportunités perdues ». Concernant la menace d'attentats il affirme « se sentir dans les mains de Dieu ». Il reconnait en revanche, comme il l'a déjà fait par le passé, « avoir peur de la douleur physique ». Sur ce plan « je suis très peureux » admet-il avec franchise.

Des larmes pour les enfants irakiens

Lors de cet entretien, le Saint-Père revient aussi sur un point qu'il a, à plusieurs reprises, abordé dans ses discours et homélies : l'importance de savoir pleurer. Il confie avoir lui-même pleuré en pensant aux  « drames humains » et il cite en particulier ce qui est en train de se passer pour « le peuple Rohingya » et le drame des « enfants malades ». « Quand je vois ces créatures - dit-il - je demande au Seigneur: « Pourquoi eux et pas moi ? » . Le Pape reconnait par ailleurs une nouvelle fois « être ému » lorsqu'il va visiter les prisonniers parce qu'il pense que « personne ne peut être sûr de ne pas commettre un crime, et donc finir en prison ». Il précise cependant « ne pas pleurer publiquement ». « Deux fois j'ai été à la limite - confie-t-il - mais je me suis arrêté à temps ». « Une fois c'était concernant « la persécution des chrétiens en Irak, en pensant aux enfants ».

Le journaliste n'a pas manqué non plus d'interroger le Pape sur la pauvreté. « Êtes-vous content d'être défini comme le Pape des pauvres ? » questionne Juan Berretta. « La pauvreté est au cœur de l'Évangile » répond le Saint-Père. « Jésus est venu pour prêcher aux pauvres, si vous supprimez la pauvreté de l'Evangile on ne comprend plus rien ». Et le Pape rappelle que les pires maux du monde aujourd'hui sont : « la pauvreté, la corruption, la traite des personnes ». Et il ajoute « éliminer la pauvreté peut être considéré comme une utopie, mais ce sont les utopies qui nous permettent d'aller de l'avant et il serait bien triste qu'un jeune homme n'en ait pas ».

Le Pape François énumère donc trois points que nous devrions tous garder à l'esprit pour faire face aux problèmes de la vie : « la mémoire, la capacité de voir le présent, l'utopie tournée vers le futur ». Enfin, à la question « comment aimeriez-vous que l'on se souvienne de vous ? », le Saint-Père répond simplement: « Comme une personne qui s'est engagée à faire le bien, je n'ai pas d'autres prétentions ».