Montréal

La restauration de l’église paroissiale de Verdun ainsi que la rénovation de ses deux clochers ont été soulignées à grands traits par tous les médias montréalais cet été.

Pourquoi un tel engouement? Laurent Dugas, ancien directeur d'école à la retraite, recruté expressément par le curé Laurent Ravenda il y a sept ans, répond du tac au tac : « Vous parlez à un passionné! Avant d'être directeur, j'étais animateur à la vie étudiante. J'ai toujours su comment motiver les gens, les rassembler, leur donner un sentiment d'appartenance. L'objectif du curé Ravenda, c'était de lever des fonds suffisants pour que notre église ne s'écroule pas! Donc, en 2008, on a commencé à organiser plein d'activités : des tournois de golf, des soupers, des concerts-bénéfices, des portes ouvertes à l'église, etc. Ce n'était pas toujours payant d'avoir des portes ouvertes à l'église, mais la démarche se voulait pédagogique ; cette église-là, la population allait avoir le goût de la conserver et de la restaurer si on la faisait connaître et aimer! On est une trentaine de personnes qui s'activent depuis sept ans à faire connaître ce joyau architectural, l'autel de marbre, les vitraux, les 1000 places assises, les jubés, l'orgue, les tableaux, les archives! Ici, c'est le Festival du dépliant ; on annonce tout, on multiplie les fêtes, les activités, les occasions. On fait tellement de bruit depuis sept ans qu'on est devenu un joueur incontournable à Verdun. »

Les travaux de maçonnerie, de ferblanterie, et d'ébénisterie sur les structures totalisent un peu plus d'un million de dollars. La première phase devrait se terminer avec les couches de peinture vers la fin octobre 2015. Le démantèlement des échafaudages est titanesque, selon les dires de M. Dugas. Il faudra compter six semaines pour leur réinstallation en mars afin que la phase deux puisse débuter en mai 2016.  

« La réparation des clochers est unique ; les pierres sont si grosses que nous devons les descendre une par une ; elles ne peuvent pas être laissées sur l'échafaudage, elles sont trop lourdes. Le mortier qui tient tout ça est fini. À certains endroits sur les clochers, il y a des pièces de cuivre dont les joints sont rouillés. Ça doit être refait. Il y en a tellement à refaire qu'on a décidé d'installer un atelier sur le toit pour les travaux de tôlerie! », raconte Laurent Dugas.

Pour le curé, Laurent Ravenda, les clochers et la restauration, c'est une chose, mais dans la démarche de la communauté, tout a commencé lorsque les paroissiens ont dû décider de garder une église sur trois. 

« Tout s'est fait dans la prière et dans le discernement. On a demandé que l'Esprit nous indique le chemin. C'est là qu'on a reçu l'appel de Caroline Tanguay, adjointe au vicaire général du diocèse de Montréal pour les politiques des églises qui doivent fermer leurs portes, qui nous suggéraient d'entrer dans le programme de restauration du gouvernement. C'était en pleine crise financière, mais on s'est réuni, le conseil de pastorale, les marguillers et les gens les plus impliqués, et on a posé un geste de foi dans l'avenir de notre communauté à Verdun. On s'est dit : « On va pas se laisser mourir! On va restaurer cette église pour qu'elle soit encore ici dans 100 ans! On est ici pour le Long Run! »

Pour le curé Ravenda, ce fut un long chemin de « conversion » : « J'ai dû me faire coacher en réseautage! Il fallait que les Verdunois me voient, me connaissent, me rencontrent! Alors, je suis allé partout me mêler à ma communauté. Et elle, elle est venue à moi. On s'est apprivoisés les uns les autres. Et je dirais que c'est ça le plus beau dans toute cette histoire. »

La ville de Verdun aime tant son église - et assurément son curé! - qu'elle créera l'année prochaine une place centrale - un peu à l'image du Quartier des spectacles au centre-ville de Montréal - juste en avant de l'église, entre les rues Galt et Wellington, LE centre-ville de Verdun.

« Le dynamisme que le bénévolat et les activités ont apporté à la communauté, le lien avec le milieu, tout ça, ce sont les fruits de l'Esprit. Je suis content de ça. Ça fait 10 ans que je suis curé ici ; je ne voulais pas être un gardien de musée! Si, après 10 ans, le bilan aurait été d'avoir réparé une toiture et un clocher, mais que ma communauté serait en train de mourir, je n'aurais pas été bien fier... Mais là, quand on entre ici, on sent cet esprit de communauté dynamique et vivant! »