Réflexions de carême - La beauté de la création
Montréal
Dimanche prochain, on nous invite à réfléchir sur Genèse 2 et 3, sur une partie de l’Épître de saint Paul aux Romains et la tentation de Jésus dans le désert. Ces lectures éclairent des questions concernant la tentation, le péché et la grâce.
Jeune femme, je ne me sentais pas à l’aise avec le message du deuxième récit de la Création, en raison de la critique courante dans notre société selon laquelle ce récit avait servi à travers l’histoire à culpabiliser la femme du péché originel. En tant que passionnée de la nature, je préférais de loin le récit de Genèse 1, où est affirmée la bonté inhérente de la Création entière. Par ailleurs, le discours de saint Augustin dans « Civitas Dei » sur le premier récit de la Création m’avait convaincu de la grande profondeur de ce premier livre de la Bible.
J’ai donc été déconcertée la première fois que l’on m’avait chargée de lire Genèse 3 à la messe. J’ai demandé conseil à une camarade lectrice et m’a assuré qu’il ne s’agissait pas de désigner les femmes comme boucs émissaires. Bien que je ne puisse pas véritablement me rappeler son explication, je me souviens d’avoir été assez rassurée en m’acquittant, en toute sérénité, de la lecture de la messe.
Depuis lors, je suis persuadée que toute lecture d’un passage biblique comporte quelque chose de bénéfique pour moi et, grâce à l’attention que je porte aux homélies, à mes lectures privées et à ma participation aux groupes d’étude biblique, j'ai appris à apprécier la profondeur de Genèse 3 et la manière poétique dont ce dernier décrit comment les êtres humains sont devenus des créatures conscientes d'elles-mêmes : En effet, ce n'est qu'après avoir mangé du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal que soudainement Adam et Ève se sont rendu compte de leur état de nudité. Cette conscience de soi a eu tendance dans l’histoire à nous faire nous regarder comme étant séparés de la nature et aliénés d’elle. Dans son recueil « The Defendant (L’accusé) », G.K. Chesterton dit : « Il est fort probable que l’on soit encore en Éden. Ce ne sont que nos yeux qui ont changé ». L’exil de l’Éden peut donc être perçu comme l’aliénation humaine face à la nature. Se pourrait-il qu’en nous considérant comme faisant partie d'un tout écologique, nous puissions retrouver le jardin d'Éden perdu?
Au cours des dernières quelques années, j’ai développé une nouvelle habitude de dire ma prière du matin en me rendant au travail, ou ailleurs, à pied. Je me dis les mots à moi-même tout en faisant attention à la nature : que ce soit au chant des oiseaux, à la neige qui tombe, au ciel ensoleillé ou aux nuages ondulants. Dire une prière en plein air lors d’un moment tranquille de ma journée, où il n’y a rien à faire que de marcher, a approfondi ma conscience spirituelle.
Ce Carême, vous aimeriez peut-être changer la façon dont vous priez. Pourquoi ne pas sortir ou bien regarder dehors, tout en réfléchissant, non seulement sur la manière dont la tentation, le péché et la grâce ont touché votre vie, mais également sur la beauté de la Création? Voir la nature ainsi, pourrait vous aider à approfondir votre relation avec Dieu.
Une fidèle catholique du diocèse de Montréal
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