Rencontrer, écouter, discerner: François donne le coup d'envoi du Synode
Pape François
Après avoir participé à un moment de réflexion en guise de prologue samedi en Salle du Synode avec 300 participants venus du monde entier, le Pape François a présidé ce dimanche à la basilique Saint-Pierre la messe d’ouverture du parcours synodal sur la synodalité.
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«Souvent, les Évangiles nous montrent Jésus sur la route, marchant aux côtés de l’homme, à l’écoute des questions qui habitent et agitent son cœur», a expliqué François dans son homélie, en commentant l’Évangile du jour, qui raconte la rencontre de Jésus avec le jeune homme riche. Ce récit nous révèle ainsi que «Dieu n’habite pas les lieux aseptisés et tranquilles, loin du réel, mais qu’il chemine avec nous et nous rejoint là où nous sommes, sur les sentiers souvent ardus de la vie».
Le Pape a donc invité chaque acteur de la vie de l’Église, lui inclus, à se demander s’il «chemine dans l’histoire et partage les défis de l’humanité», ou s’il se laisse rattraper par les tentations du repli, des routines, des habitudes.
«« Faire Synode » signifie marcher sur la même route, ensemble. Regardons Jésus sur le chemin, qui rencontre d’abord l’homme riche, puis écoute ses questions, et enfin l’aide à discerner ce qu’il faut faire pour avoir la Vie éternelle. » François a donc articulé son homélie autour de ces trois verbes : «Rencontrer, écouter, discerner».
La disponibilité à la rencontre
Tout d’abord, donc la rencontre : en croisant le jeune homme riche, «le Seigneur ne se met pas à distance, il ne se montre pas agacé ou dérangé ; au contraire, il s’arrête avec lui. Il est disponible à la rencontre. Rien ne le laisse indifférent, tout le passionne. Rencontrer les visages, croiser les regards, partager l’histoire de chacun : voilà la proximité de Jésus», a souligné le Pape, en remarquant que «Jésus n’était pas pressé, il ne regardait pas sa montre! Il était toujours au service de la personne qui le rencontrait».
L’enjeu du Synode n’est donc pas «l’organisation d’évènements», ou la «réflexion théorique sur des problèmes», mais de cultiver «l’art de la rencontre» en prenant «le temps de rencontrer le Seigneur», et en favorisant la rencontre entre nous. «Chaque rencontre, nous le savons bien, demande de l’ouverture, du courage, de la disponibilité à se laisser interpeller par le visage et l’histoire de l’autre. Même si nous préférons parfois nous abriter dans des relations formelles ou porter un masque de circonstance, la rencontre nous transforme et nous suggère souvent de nouveaux chemins que nous n’avions pas imaginés parcourir. C’est souvent ainsi que Dieu nous indique la route à suivre, en nous faisant sortir de nos routines fatiguées. Tout change lorsque nous sommes capables de vraies rencontres avec lui et entre nous. Sans formalismes, sans prétextes, sans calculs», a insisté le Pape François.
Le courage d’écouter avec le cœur
Le Pape a ensuite insisté sur l’importance d’une écoute qui ne soit pas formelle ou superficielle. Face aux questions du jeune homme riche, Jésus «ne donne pas une réponse "rituelle", il n’offre pas une solution toute faite, il ne fait pas semblant de répondre poliment pour s’en débarrasser et continuer sa route. Il l’écoute. Jésus n’a pas peur d’écouter avec le cœur, et pas seulement avec les oreilles», «Lorsque nous écoutons avec le cœur, c’est ce qui arrive : l’autre se sent accueilli, non pas jugé, libre de raconter son vécu et son parcours spirituel.»
François a donc invité à s’interroger: «Permettons-nous aux personnes de s’exprimer, de cheminer dans la foi même si elles ont des parcours de vie difficiles, de contribuer à la vie de la communauté sans être empêchées, rejetées ou jugées?» Le Pape a reconnu que l’écoute «est un exercice lent, qui peut être laborieux, d’apprendre à s’écouter mutuellement – évêques, prêtres, religieux et laïcs – en évitant les réponses artificielles et superficielles». Mais face aux souffrances de nos contemporains, François a martelé que l’indifférence est la pire des attitudes. «N’insonorisons pas notre cœur, ne nous blindons pas dans nos certitudes. Les certitudes, bien souvent, nous renferment. Écoutons-nous», a-t-il martelé.
Le discernement, pour laisser de l’espace à Dieu
«L’Évangile d’aujourd’hui nous le montre : Jésus devine que l’homme en face de lui est bon et religieux, qu’il pratique les commandements, mais il veut le conduire au-delà de la simple observance des préceptes. Dans le dialogue, il l’aide à discerner», a expliqué François, revenant sur ce thème du discernement, central dans la spiritualité jésuite et dans son pontificat. «Il lui propose de regarder au fond de lui-même, à la lumière de l’amour avec lequel lui, Jésus, fixant son regard sur lui, l’aime, et de discerner, à cette lumière, à quoi son cœur est réellement attaché. Il découvre ainsi que son bien ne consiste pas à ajouter d’autres actes religieux mais, au contraire, à se vider de lui-même: vendre ce qui occupe son cœur pour laisser de l’espace à Dieu.»
Le Synode est donc avant tout «un chemin de discernement spirituel, qui se fait dans l’adoration, dans la prière, au contact de la Parole de Dieu». Ce n’est pas «une «convention ecclésiale, un colloque d’études ou un congrès politique, mais un évènement de grâce, un processus de guérison conduit par l’Esprit Saint. En ces jours, Jésus nous appelle, comme il l’a fait avec l’homme riche de l’Évangile, à nous vider, à nous libérer de ce qui est mondain, et aussi de nos fermetures et de nos modèles pastoraux répétitifs. Il nous appelle à nous interroger sur ce que Dieu veut nous dire en ce temps, et dans quelle direction il souhaite nous conduire.»
«Puissions-nous être des pèlerins amoureux de l’Évangile, ouverts aux surprises de l’Esprit. Ne perdons pas les occasions de grâce de la rencontre, de l’écoute réciproque, du discernement. Avec la joie de savoir qu’alors que nous cherchons le Seigneur, c’est bien lui, le premier, qui se porte avec amour à notre rencontre», a conclu le Saint-Père.
Au terme de la messe, le Pape a béni symboliquement plusieurs fidèles laïcs venus du monde entier, représentant le Peuple de Dieu, qui sera directement impliqué dans ce parcours synodal de deux ans. Après cette messe d’ouverture à Rome, une autre célébration de lancement sera célébrée le week-end prochain dans tous les diocèses du monde, premier échelon de ce Synode au format inédit, dans lequel tous les croyants et toutes les personnes de bonne volonté sont invités à s’impliquer.
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