Montréal

Comment « réussir sa mort »? Si la question est pertinente, il n’en est pas moins qu’elle chamboule et interpelle. Au sous-sol de la Cathédrale-Marie-Reine du monde, une petite foule était rassemblée le 16 octobre dernier pour écouter trois témoins partager leur expérience et leur réflexion quant à l’accompagnement en fin de vie et à la préparation intérieure nécessaire pour ce Grand Passage. « La mort peut devenir une précieuse expérience […] même la plus belle », a lancé Luc Harvey, animateur de la soirée en introduction.

Le SASMAD et ses grâces

Pour Christiane Lemaire, bénévole au SASMAD (Service d’accompagnement spirituel des personnes malades ou âgées à domicile), ses nombreuses expériences du dernier souffle lui ont fait découvrir que la première mort à méditer est celle du Christ sur la Croix. Elle a raconté l’histoire de Marie T. et de la belle lumière qui a envahi son visage après le sacrement des malades. Christiane voit souvent cette « joie de la bénédiction finale » se déposer sur les visages des mourants. Elle a aussi parlé de Gerry qui avait « prié pour ne pas mourir seul ». « Peut-être que ce sera toi », lui a-t-il confié un jour. De ses nombreuses histoires, on retenait que le plus grand besoin des hommes et des femmes rencontrés est d’être accompagnés spirituellement et de trouver une présence à leur côté pour vivre ce Grand Passage. « On meurt comme on a vécu », a-t-elle ajouté, racontant la réconciliation de plusieurs avec leur existence au cours des derniers jours. « Bonne mort à tous », a-t-elle lancé pour conclure, faisant rire l’assemblée.

Le bruit des vagues

« L’accompagnement, surtout lorsqu’il est difficile, va exiger de vous des trésors d’inventivité que votre cœur saura trouver » a exprimé avec douceur, Patrick Vinay. C’est dans le bruit des vagues créé par un petit tambour qu’il nous a introduit au mystère du dialogue qu’il a découvert durant ces expériences d’accompagnement : « Alors j’ai [dé]laissé les mots et j’ai laissé entrer le bruit des vagues », a-t-il confié dans cet émouvant moment. L’homme a raconté ces magnifiques histoires de rencontres et de relations tissées au sein des soins palliatifs où le docteur retraité et ex-doyen de l’Université de Montréal s’est beaucoup investi. « Ce que fait cette personne [qui traverse la maladie et va vers la mort], c’est […] d’aller au bout de son identité. » Elle devient elle-même plus que jamais, a ajouté dans ses mots l’homme, auteur de plusieurs livres, notamment Ombres et lumières sur la fin de la vie et À tire-d’aile plus récemment.

Mourir comme on aime

Pour terminer la soirée, Monseigneur Christian Lépine, archevêque du diocèse de Montréal, a partagé sa réflexion à travers cette phrase tirée de François Varillon, jésuite : « L’art de mourir au cœur de l’art d’aimer ». S’appuyant sur ce passage de l’Évangile de saint Jean (10 :18), « [ma vie] nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même », Mgr Lépine a exprimé que « jamais on ne pourra autant offrir sa vie qu’au moment de sa mort » et qu’« on apprend à intégrer notre maladie, notre souffrance et notre mort, dans notre vocation à l’amour ». Un bel appel à aimer au-delà de tout.

Cette conférence s’inscrivait dans le cadre du projet PROJECTION, Une Semaine de Dialogue, qui se voulait une manière de « briser les tabous » sur la fin de vie et d’approfondir la réflexion à travers les yeux de différentes perspectives, soit « la philosophie, la science, la société, l’art, l’éducation » et autres. Du 14 au 20 octobre, une foule d’événements étaient offerts au grand public pour explorer à fond cette thématique.

Pour en apprendre davantage sur le projet PROJECTION, Une Semaine de Dialogue : https://semaineprojection.ca/fr


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