«L’amour fait-il bouger l’univers?»
Pape François
Un face-à-face inédit. Ce jeudi 26 octobre 2017, le pape François a échangé pendant une vingtaine de minutes, en direct par vidéo conférence, avec six membres de l’équipage des missions 52 et 53 de la Station Spatiale Internationale.
Pour cette conversation, le Pape avait choisi de s'installer dans l'«auletta» de la Salle Paul VI, face à un écran géant où apparaissaient les astronautes, avec derrière lui un tableau illustrant un vers de La Divine comédie de Dante, «l'amour qui fait bouger le soleil et les autres étoiles». Une fois n'est pas coutume, c'est le Pape qui a demandé aux six astronautes de se confier sur leur expérience de l'espace.
À la fin des derniers ajustements, le Pape s'est montré curieux de tout. «A la lumière de votre expérience, quelle est la place de l'homme dans l'univers?» François a pris ainsi de cours l'astronaute italien plus à l'aise, confie-t-il, au milieu des machines. «Ce qui compte pour nous, c'est d'accroître les connaissances concernant tout ce qui est autour de nous». Il rêverait cependant de voir des philosophes, des poètes et pourquoi pas le Pape venir explorer l'espace et comprendre ce que signifie d'y envoyer un homme.
«L'amour fait-il bouger l'univers ? » Un astronaute russe répond au Pape en racontant l'histoire de son livre de chevet : Le petit Prince de Saint-Exupéry qui donnerait sa vie pour sauver les plantes et les animaux sur terre. «L'amour, c'est la force qui te donne la force de donner ta vie».
«Dans une société individualiste, quelle collaboration dans l'espace?» Un astronaute américain se félicite d'une collaboration entre toutes les nations: Etats-Unis, Japon, Russie, Canada et neuf pays européens. Il reprend l'image du polyèdre si chère au Pape : «tous ensemble, nous cherchons à obtenir quelque chose de plus grand que chacun de nous. Nos diversités unies rendent un ensemble si grand, pour continuer ce voyage de la connaissance», explique l'homme d'origine portoricaine.
Voir la Terre avec un peu des yeux de Dieu
Plus terre-à-terre, le Pape leur a demandé ce qui avait motivé leur vocation, pourquoi devenir astronautes ? Un astronaute russe évoque son grand-père qui travailla au satellite Suptnik. La réponse provoqua la satisfaction manifeste du Pape, très attaché aux racines et à la mémoire des êtres et des peuples. Un Américain a lui aussi répondu en expliquant son immense joie de pouvoir «voir la terre avec un peu des yeux de Dieu», une terre sans confins où tous les êtres humains collaboreraient à un futur meilleur. François s'est alors réjoui d'entendre un Américain évoquer «la Terre si fragile».
Le Pape leur a également demandé également ce qui était différent dans l'espace. «On ne sait pas si on est en haut ou en bas (de la Terre) », il faut choisir. «Le choix, une capacité vraiment humaine, souligne François, la capacité de décision».
Entrecoupé de silence entre le ciel et la terre, le Pape les a finalement remerciés pour cet échange «très enrichissant». Les astronautes se sont réjoui d'avoir disent-ils «pris un peu de hauteur pour sortir des questions mécaniques» qui rythment leurs journées.
Aux commandes actuellement de la 53ème mission de ISS, l'astronaute américain Randolph Bresnik. Il était accompagné de cinq spécialistes : les Russes Sergey Ryanzansky et Alexander Misurkin, les Américains Joe Acaba et Mark Vande Hei, ainsi que de l'Italien Paolo Nespoli qui s'est l'interprète de ses compagnons pour le Pape.
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