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(Présence-info) L'Archevêque de Montréal ne se fait pas d'illusion: la famille a bien changé. Loin de tenir un discours nostalgique sur l'époque des chapelets en famille à la radio, il fait valoir que c'est justement parce qu'elle a changé que la société actuelle devrait lui accorder une plus grande importance.

En public, Mgr Christian Lépine insiste fréquemment sur l'importance de s'accorder du temps pour une vie spirituelle et pour prier. Un défi qui touche particulièrement les familles, selon lui.

«Chaque époque a ses obstacles. À notre époque où il y a tant de choses à faire, l'un de ces obstacles est de prendre le temps, simplement», dit-il, qualifiant cette difficulté de «premier combat pour la prière».

Christian Lépine était présent à la Rencontre mondiale des familles à Philadelphie en septembre pour établir des contacts et revenir à Montréal avec des références. Il confie qu'il est toujours à l'affût de contenu ou de conférenciers aptes à soutenir l'archidiocèse de Montréal dans l'attention qu'il veut accorder aux familles. L'un de ses rôles est justement de rappeler l'importance de la prière pour les familles.

«Par la prière, nous disons: « Seigneur, nous voulons te rencontrer et t'avoir dans notre vie». Mais est-ce que c'est facile?», demande-t-il. À ses yeux, l'enjeu n'est pas tellement de savoir si la prière est importante ou non pour la famille. Il faut d'abord que familles parviennent à se rassembler et à passer du temps ensemble.

«C'est un défi humain, pas seulement un défi de prière. C'est un défi humain pour les familles que de prendre le temps de se rencontrer. Je pense qu'une société doit se poser la question: comment soutient-on les familles? Je pense à la conciliation travail-famille. Comment permet-on aux membres d'une famille de se rencontrer, d'être ensemble et de vraiment être une famille?», demande Christian Lépine.

Donner un espace à la famille

Pour l'archevêque de Montréal, la société actuelle valorise beaucoup les droits individuels. «À juste titre», précise-t-il. «Mais quelque part, on ne sait pas trop comment donner un espace à la famille. Ce n'est pas évident, parce que ça demande une collaboration de tout le monde, autant des gouvernements, des lois, des compagnies, du système de travail, des loisirs, des paroisses... Ça prend une collaboration, un sens de 'pensée famille' qui traverse toutes les dimensions de la société. Je pense que nous avons encore beaucoup de chemin à faire pour [lui accorder cet espace].»

De son propre aveu, Mgr Lépine souahite brasser quelques idées, quitte à «rêver en couleurs». Il se demande ainsi s'il ne faudrait pas doter le Québec d'un «jour de la famille», qui pourrait être le dimanche. Dans une société sécularisée, convient-il, parler de «jour du Seigneur» demande une adhésion de foi. Il serait dès lors sans doute préférable de parler d'une journée consacrée à la famille, puisqu'il s'agit véritablement d'une réalité qui continue de toucher tout le monde. Pour lui, l'équation est simple: ce qui fortifie la famille fortifie la société.

«Si le dimanche devenait le jour de la famille, sécularisé, ça serait une façon pour la société de dire 'la famille, c'est important'. C'est simple, mais il faut le faire. La famille est comme toujours la dernière servie. Si la famille pouvait devenir la première servie...», confie-t-il, s'autorisant à rêver l'espace d'un instant.